Face à un multilatéralisme jugé inefficace, la Chambre de Commerce Suisse–Inde (SICC) privilégie les accords bilatéraux. Son dirigeant plaide pour des partenariats pragmatiques et ciblés, jugés plus efficaces dans le contexte économique actuel. Selon lui, la lenteur des instances internationales et les blocages politiques rendent les accords globaux difficiles à concrétiser, alors que les entreprises réclament des résultats tangibles et rapides.

Le Trade and Economic Partnership Agreement (TEPA) signé en mars 2024 marque une avancée majeure suite à 16 ans de négociations entre la Suisse (EFTA) et l’Inde. Le Parlement suisse l’a ratifié en mars 2025, ouvrant la voie à sa mise en œuvre progressive. Cet accord prévoit notamment une réduction substantielle des droits de douane, un meilleur accès aux marchés publics indiens et une coopération renforcée dans des secteurs stratégiques comme l’innovation et la propriété intellectuelle.

Près de 94,7% des exportations suisses vers l’Inde bénéficieront d’une dispense de droits de douane, contre une moyenne de 22% auparavant, ce qui offre un avantage immédiat face aux entreprises européennes encore en phase de négociation. L’industrie pharmaceutique, la mécanique de précision et l’horlogerie devraient figurer parmi les grands bénéficiaires, car elles exportent déjà massivement vers le marché indien. Cet avantage compétitif pourrait également accélérer l’implantation de nouvelles PME suisses sur place.

L’Inde, avec une croissance prévue à 7% en 2025, dépasse désormais la Chine, renforçant son attrait pour les investisseurs suisses. 350 entreprises suisses sont déjà implantées en Inde, et cette tendance devrait s’accentuer face aux tensions géopolitiques autour de la Chine. De grandes sociétés comme Nestlé, ABB ou Roche y développent déjà des projets de long terme, tandis que des start-up suisses profitent d’un écosystème technologique indien en pleine expansion.

La Chambre de Commerce Suisse–Inde (SICC), avec environ 400 membres, joue un rôle pivot en orientant les entreprises et favorisant les échanges transnationaux. De son côté, ASSOCHAM a signé un partenariat de trois ans avec Swissmem, favorisant l’échange d’informations, les montées en compétence et la création de co-entreprises. Ces partenariats institutionnels visent aussi à développer des projets conjoints dans les énergies renouvelables, l’agritech et les technologies médicales, secteurs où les deux pays partagent une expertise reconnue.

L’Inde, en particulier, exprime une vision pragmatique du multilatéralisme, considérant qu’il peine à répondre efficacement aux défis contemporains. Ce positionnement alimente le recours accru aux accords bilatéraux, jugés plus rapides à mettre en œuvre. Le gouvernement indien, en multipliant les accords de ce type, cherche à renforcer son rôle de hub économique en Asie du Sud et à diversifier ses partenariats, en particulier avec l’Europe.

L’approche de la Chambre de Commerce Suisse-Inde illustre une redéfinition stratégique où les accords bilatéraux, adaptatifs et pragmatiques, prennent le pas sur les cadres multilatéraux jugés trop rigides ou lents. Le TEPA, les partenariats structurants et les échanges facilités représentent autant de leviers pour renforcer la compétitivité et la résilience des entreprises suisses et indiennes dans un environnement global en transformation. Au-delà du commerce, c’est aussi la confiance mutuelle et une coopération de long terme qui s’affirment entre Berne et New Delhi.

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