3 000 recrutements en CDI prévus au groupe BPCE, 1 000 embauches supplémentaires chez LCL… À en juger les projets de recrutement du secteur bancaire pour l’année 2013, la crise financière fait partie du passé. Alors que 2012 montre déjà une certaine reprise dans le domaine des embauches par rapport à 2011, la dynamique devrait s’accélérer dans les mois à venir. Selon une étude publiée cette année par le cabinet de recrutement Robert Walters, les embauches de profils commerciaux spécialisés dans les secteurs bancaire et financier seront assez soutenues en 2013. Pour Sébastien Guichard, co-fondateur de Dogfinance, une société spécialisée dans le recrutement financier en ligne, « les banques s’orientent de plus en plus vers des produits d’assurance, c’est pourquoi ils recrutent des commerciaux. » Parmi les compétences recherchées figurent notamment des directeurs d’agence, des conseillers en gestion de patrimoine, des conseillers de clientèle et des chargés d’affaires professionnels, souligne une autre enquête réalisée par le spécialiste du recrutement Robert Half Financial Services.
De nombreux métiers sont en fait concernés par cette dynamique positive. « Au sein de notre établissement, l’accession aux différents postes de responsabilité se fait autant par recrutement externe que par la voie de la promotion interne », confie Caroline Cohen Vilain, responsable du recrutement chez LCL. L’heure est aussi au retour aux fondamentaux, comme l’explique une autre étude du cabinet Hays, qui s’est penché sur l’évolution des activités bancaires et leurs besoins. Malmenées par plusieurs années de tumulte financier, les banques se concentrent aujourd’hui sur leur premier rôle qui consiste à financer l’économie et les entreprises. Les activités de Corporate Banking et celles qui ne sont pas consommatrices de fonds propres tiennent le haut du pavé. Même si le climat d’incertitude économique incite toujours à la prudence, l’instabilité économique engendre des recrutements stratégiques et judicieux. « Nos embauches concernent principalement des métiers commerciaux », indique Caroline Cohen Vilain. Ces profils représentent 40 % de l’ensemble des nouvelles recrues.
Indépendamment du contexte économique, les nouveaux cadres réglementaires en vigueur forment une autre source de stimulation d’une demande relative à certains savoir-faire. Les mises en application des directives Bâle III, Solvabilité 2, et MIFID, qui affectent le secteur bancaire, conduisent les institutions à concentrer leurs recrutements sur les fonctions liées aux risques, notamment sur les contrôleurs des risques, responsables Conformité, et contrôleurs permanents. Les progressions de rémunération fixe à l’embauche peuvent être de l’ordre de 15 % sur ces métiers d’expertise. Les équipes au sein des directions des Risques se sont étoffées, car l’évaluation des risques Clients ou Produits est directement concernée par les nouvelles règles adoptées à l’échelle européenne. La hausse des rémunérations pour ces métiers concerne plus particulièrement les professionnels de plus de 5 ans d’expérience. De manière générale, les fonctions Support sont souvent concernées par les modifications réglementaires apportées par ces directives.
D’après l’étude de Hays, une hausse des recrutements est globalement constatée pour les postes en crédit, structuration et risque, tout comme pour les postes en recouvrement et les services à la clientèle. Directement concernés par les changements réglementaires, les responsables comptables font aussi partie des profils bénéficiant de rémunérations en hausse. Ils sont chargés de la production des états financiers et s’assurent du respect des obligations légales et réglementaires, supervisant à ce titre une équipe en charge des comptabilités générales et auxiliaires. Ils contrôlent également le recouvrement des créances clients. Avec des normes comptables qui s’internationalisent, la technicité requise et le périmètre d’action changent. Les responsabilités pour ce poste peuvent s’étendre jusqu’à la consolidation et au reporting vers la maison-mère. Quel que soit le niveau d’expérience, il s’agit d’une fonction qui bénéficie de la tension actuelle du marché. Le niveau d’expertise attendu pour répondre à la complexité actuelle est un facteur expliquant l’augmentation des rémunérations.
La fibre internationale apparaît de plus en plus comme un critère essentiel exigé par les recruteurs. Des expériences à l’étranger et un profil bilingue en anglais, figurent parmi les éléments qui font la différence, tout comme la maîtrise d’une autre langue comme l’espagnol ou l’allemand. L’internationalisation croissante des offres des établissements explique la recherche de ce type de compétences. On note aussi une forte demande de contrôleurs financiers potentiellement mobiles à l’international, et donc acceptant l’expatriation, dont le recrutement s’inscrit dans la durée avec une possibilité d’évolution au sein du groupe.