Dure aux géants du CAC 40, la Bourse est parfois méprisante pour les PME jusqu’à plusieurs centaines de millions d’euros de chiffre d’affaires. Dans un contexte boursier déprimé depuis deux ans, celles-ci ne peuvent plus compter sur les marchés pour financer leur croissance, leurs conquêtes de nouveaux marchés en national ou à l’export, leurs opérations de haut de bilan, leurs cessions d’actifs et leur dette. Et cela malgré des performances économiques enviables qui placent les sociétés françaises au deuxième rang mondial de la productivité, juste après les États-Unis, selon le magazine américain Forbes difficilement soupçonnable, dans le contexte géopolitique actuel, de francophilie aveugle. Aussi, les sociétés financières s’affrontent-elles sur le marché de la finance d’entreprise, très segmenté et appuyé sur des réseaux de compétences souvent très anciens et implantés localement.
Les “mutualistes” en première ligne
Les réseaux de banques mutualistes sont particulièrement bien placés sur ce secteur, tirant profit d’agences régionales proches des entreprises et leur offrant souvent les premiers services de crédit-bail avant de les rediriger vers les officines nationales du réseau lorsque, croissance interne aidant, le besoin de solutions plus ambitieuses comme le rachat de participations minoritaires ou l’augmentation de capital en LBO(1) ou MBO(2) se fait sentir.
Ainsi Christian du Peyrat, nouveau directeur de la Banque Populaire du Massif Central, s’enorgueillit-il, à juste titre, de la forte pénétration de son établissement sur le marché des entreprises locales dont il capte 75 % de la clientèle. Sa banque peut offrir des prêts à court terme, mais aussi rechercher des partenaires économiques pour ses clients. Elle peut également s’appuyer sur le réseau Natexis pour les mettre en contact avec le pôle Private Equity de Natexis pour des opérations de capital-risque ou capital développement. Enfin, les accords internationaux du réseau Banque Populaire peuvent même mettre à la disposition de ses clients les antennes dédiées à l’export de la Pramex, une autre filiale du groupe.
En face, l’autre géant mutualiste, le Crédit Agricole – en passe d’absorber le Crédit Lyonnais – dispose aussi d’un réseau dense présent sur tous les segments du financement des entreprises. Sa structure régionale remonte les opportunités de capital investissement vers le pôle UI qui regroupe une douzaine de filiales. Avec près de deux milliards d’euros de fonds propres investis, la Banque verte occupe d’ailleurs une des premières places du marché en France.
Enfin, sa structure qui englobe l’ensemble des métiers bancaires peut aussi offrir des solutions d’assurance-crédit à l’export, de gestion comp-table ou de financement de créances par le biais de l’affacturage grâce à sa filiale Transfact. Mais les groupes français, eux-mêmes internationalisés, doivent compter avec la concurrence des établissements financiers étrangers et en particulier européens que facilite, et facilitera de plus en plus, la création de l’espace financier européen. Ainsi, installée depuis le début des années 1990, la filiale parisienne de la banque suédoise Svenska Handelsbanken, partant de son ancienne activité de négociations croisées entre les entreprises françaises et suédoises, s’intéresse aujourd’hui aux financements de fusions-acqui-sitions, convaincue que le taux de concentration des entreprises européennes – et notamment françaises – loin d’avoir atteint le niveau des Etats-Unis, recèle encore un potentiel de croissance.
1) LBO : Leverage Buy-Out ou Reprise avec effet de levier
(2) MBO : Management Buy-Out ou Rachat d’entreprise par ses salariés (RES)