Commerce International : Les CCI vont signer une seconde charte nationale pour le développement culturel. La première n’a-t-elle pas fait ses preuves ? Et quel est l’impact de la crise économique sur le mécénat en France ?
Renaud Carrier : « La culture n’est pas la priorité des entreprises (surtout en cette période de crise) et les correspondants des CCI sont tellement occupés que la question du mécénat a souvent été reléguée au second plan. Le bilan est mitigé et très inégal. Il faudrait créer au sein de chaque CCI un poste spécifique en charge de la recherche de mécènes. Correspondant des entreprises, mais aussi des collectivités territoriales et de la Fondation du patrimoine notamment, ce poste pourrait même être autofinancé par les sommes collectées par l’agent, qui effectuerait en plus le travail pédagogique que les correspondants ne peuvent réaliser. L’impact de la crise n’est pas encore totalement appréciable. D’abord parce que certaines grandes entreprises, Total par exemple, continuent d’œuvrer en la matière. Mais ce qui est sûr, c’est que ces effets sont devant nous, et non derrière. Compte tenu du fonctionnement du mécénat en France, nous ne serons pas plus touchés que l’Espagne, par exemple. Mais la culture va connaître une crise de disette liée à l’appauvrissement des collectivités territoriales, car le mécénat est souvent lié à leur action. Les budgets vivent très mal les incertitudes liées à la suppression de la taxe professionnelle. »
La fiscalité actuelle du mécénat est inadaptée aux PME et celui-ci reste méconnu des patrons…
R. C. : « Notre système pourrait en effet être amélioré, mais le problème réside surtout dans le manque de connaissance de l’intérêt des patrons de petites entreprises d’investir dans la culture. En France, il existe un lien évident entre petites entreprises et territoires sur lesquels elles fonctionnent. Si l’on encourage le partenariat entre les CCI et les collectivités, avec validation partagée des projets et des actions pour les faire rayonner, comme c’est le cas dans la commune de Montréal du Gers, alors l’optimisme est de mise. »
La culture au risque du marché
Sous la direction de Jean-Pierre Allinne et Renaud Carrier
L’Harmattan (mars 2010)
223 pages, 22,50 euros