Coupe du monde : pourquoi est-ce que ça coûte si cher ?

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Bresil
La Coupe du monde du Brésil, plus chère que les précédentes en Afrique du Sud et en Allemagne s’explique par des scandales économiques. En cause, majoritairement, les surfacturations.

 

La Coupe du monde, c’est un événement autant sportif qu’économique. Huit milliards d’euros, c’est, selon le Comité organisateur, le coût de cet événement planétaire. Les trois quarts des dépenses touchent à la réforme et à la création de stades, gérées par le pays organisateur. Le reste est alloué aux infrastructures, notamment pour la mobilité urbaine, les centres de communication et l’amélioration des aéroports.
8 milliards –le chiffre biaisé de plus de 10 milliards d’euros annoncé dans d’autres medias est lié à la chute du reals de 30% par rapport à l’euro entre juin 2013 et aujourd’hui-, c’est aussi cinq fois moins cher que les JO de Sotchi.
8 milliards, c’est plus onéreux que les Coupes d’Afrique du Sud il y a quatre ans et d’Allemagne (2006)… mais ça ne solutionne pas tout. Le schmilblick n’avance pas assez vite.
Les délais de livraison des stades, confiés à des entreprises brésiliennes sont déjà dépassés, les inquiétudes naissent et les questions se posent. Il y a moins d’un mois, le secrétaire général de la FIFA Jérôme Valcke a effectué un nouvel état des lieux des sites concernés par les manifestations.

Un slalom entre retards de livraison et refus de paiement 

Tout devait être prêt au 1er janvier 2014, selon les exigences de la Fifa. Sur les douze enceintes sportives prévues pour accueillir les matches, répartis du nord de l’Amazonie à l’extrême pointe sur du Rio Grande do Sul, seulement sept ont déjà été livrées début mars.
Le stade de Curitiba Manaus a nécessité un nouveau crédit des autorités locales à la banque publique de développement. A Porto Alegre, le propriétaire du stade se refuse à assumer les coûts liés à l’installation de structures temporaires, telles que groupes électrogènes ou salle de presse géante. Enfin, le métro de Salvador, un projet vieux de plus de dix ans, ne sera prêt pour le choc Espagne-Hollande du vendredi 13 juin prochain…

« Les entreprises font exprès de ralentir leur production pour surfacturer »

Selon Stéphane Monclaire, maître de conférence à l’Université Paris 1er politologue et brasilianiste, « il y a des surfacturations volontaires. C’est un classique au Brésil. De nombreuses entreprises sont d’ailleurs dénoncées par le Cour des Compte, qui alertent éventuellement le ministère public.
Parfois, ça se termine devant la justice. Les budgets avancés pour les projets sont trois fois moins chers au départ. Les entreprises travaillent lentement volontairement. Ça permet de surfacturer derrière. Il ne faut pas oublier qu’ensuite, les rentrées fisales sont lourdes pour les sociétés… » Le système se mord la queue. Rien finalement n’étonne plus personne : en 1950, lorsque le Brésil organisait pour la première fois la Coupe du Monde, rien n’avait été mieux organisé.
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