Toronto mise sur le développement durable

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En lançant en 2001 une société chargée du développement de projets de revitalisation urbaine, Toronto devrait changer peu à peu de visage, notamment ses berges et ses anciennes friches industrielles. Il s’agit aussi, pour elle, de devenir une ville référence en matière de développement durable.

Elle est célèbre cette carte postale, sur laquelle pointe vers le ciel la Tour CN avec, à son pied, le Rogers Centre. Un quartier qui s’enflamme les jours de grands matchs des ligues de football et de base-ball. Campée sur les berges du lac Ontario au cœur du centre-ville, l’image d’Épinal de Toronto – la même depuis au moins 23 ans – a donné à la plus grande ville du Canada une allure particulièrement futuriste. Aujourd’hui centre bancaire et financier du pays, Toronto est à l’image de ces mégapoles nord-américaines, puissantes et spacieuses où travaillent et vivent 2,5 millions de personnes (plus de 6 millions dans le Grand Toronto). Pourtant, ses buildings ne sont pas neufs. Ses rues vieillissent souvent mal en raison des hivers rigoureux. Et surtout, la ville traîne un lourd passé industriel qui a largement pollué les zones extérieures notamment à l’Ouest. L’heure du lifting est donc probablement venue si Toronto veut conserver sa réputation mondiale. La perte de l’Exposition universelle 2000 face à Hanovre, les tentatives vaines d’accueillir les jeux Olympiques de 2008 et son abandon pour l’Expo 2015 ont dû renforcer les autorités locales dans cette conviction.

 

Déjà en 2001, une société de revalorisation du secteur riverain de Toronto a été créée. Maintenant appelée Waterfront Toronto, cette structure placée sous la tutelle de la municipalité, du gouvernement de l’Ontario et du gouvernement fédéral a déjà permis de planifier le renouvellement des secteurs vitaux de la cité. Les premiers projets se portent sur 2 000 hectares d’espaces urbains sous-utilisés sur lesquels doivent fleurir des parcs et 40 000 logements, la création de 40 000 nouveaux emplois, des théâtres, des lieux de vie et de culture ainsi que des aménagements importants sur les berges du lac. East Bayfront, West Don Lands, Lower Don Lands, Port Lands sont autant de projets à plus au moins long terme – les dernières étapes s’étalent sur 30 ans et sur 17 milliards de dollars canadiens (10 millions d’euros). Après plus de 25 années d’études, les pelles sont à l’œuvre, notamment à la gare Union Station, à Mimico ou encore à Bayfront Est. C’est sur cette dernière zone, que le nouveau visage des berges de Toronto se révèle avec ses 7 000 habitations prévues et ses 8 000 emplois autour de 1,5 km de promenade au bord de l’eau. Première pierre posée également dans le nouveau quartier riverain du secteur West Don Lands, une ancienne location industrielle dont les terres sont dépolluées par d’innovants systèmes de drainage. Selon Waterfront Toronto, la revitalisation de ces espaces urbains consiste en un habile mélange entre bureaux, habitations à différents niveaux de prix et d’espaces publics, de vie et de culture. Après la cons-truction d’un premier projet, le principe consiste à le vendre avec profit afin de financer les étapes suivantes.

 

En plus d’offrir à Toronto un urbanisme contemporain et empreint de diversité sociale à l’image de sa large population d’immigrés, une des idées maîtresses est d’inscrire la ville dans une démarche de développement durable exemplaire. Tous les projets de Waterfront Toronto, s’ils se confrontent à la dépollution des sols, suivent aussi un cahier des charges en matière d’environnement, comme la construction de bâtiments écologiques et le respect de la mixité sociale. D’autres que le Waterfront Toronto capitalise d’ailleurs sur ce modèle, à l’image du quartier de la Distillerie. Ce désormais célèbre complexe industriel du style victorien (ex-Gooderham and Worts Distillery), pour avoir été vu dans de nombreux films, fut racheté en 2001 par Cityscape Holdings Inc. Ce développeur de propriété l’a rendu au public dès 2003 en le transformant en une zone piétonne de shopping d’expérience, d’espaces culturels et artistiques. Très orienté sur l’aspect environnemental, le projet a permis de récupérer les anciens bâtiments industriels afin d’y abriter des systèmes complexes de traitement de l’eau et de pompe à chaleur. Des plans d’expansion sont en outre déjà en prévision pour ériger, entre autres, une immense tour de verre sur un bâtiment en pierre déjà existant, avec des bureaux et de nouveaux espaces de vente. Selon les dernières étapes, ce building serait capable de récupérer l’énergie solaire de façon autonome sur ses façades.

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