Le lycée français de Mexico se donne plusieurs missions. D’abord, il s’agit de dispenser un enseignement de qualité non seulement aux enfants des ressortissants français installés au Mexique, mais aussi aux enfants nés de parents mexicains séduits par la culture française ou simplement par la réputation de l’établissement. « Nos effectifs s’élèvent à 3 000 élèves, parmi lesquels nous comptons environ 13 % de Franco-Français, 25 % de binationaux et 58 % de Mexicains de père et de mère, le solde étant constitué d’élèves issus de 28 nationalités différentes » précise ainsi Claude Le Brun, président du conseil d’administration. En dépit de cette particularité, ses taux de réussite au baccalauréat sont exemplaires : « 97 à 98 %, avec 55 % de mentions » assure t-il.
Puis, il insiste sur un autre point qui lui est cher : la proportion d’élèves de troisième qui atteignent le baccalauréat est plus élevée dans son lycée que partout ailleurs. Mais le lycée français de Mexico ne se limite pas à cet aspect des choses. Il entend se poser comme un véritable partenaire des entreprises françaises installées au Mexique, dont le nombre s’accroît d’année en année depuis plus de 10 ans – en fait depuis 1994, date de la signature de l’Aléna, ce traité fondateur d’un marché de libre-échange nord-américain auquel est associé le Mexique. « Grâce à l’Aléna, le Mexique est la porte d’entrée du marché américain pour de nombreuses entreprises européennes et en particulier françaises, de sorte que leur nombre augmente d’année en année », annonce ainsi Claude Lebrun. Pour faciliter le recrutement de son personnel, le lycée français de Mexico a créé des sections d’enseignement technologique qui représentent aujourd’hui 15 % du total de ses effectifs. Un cas unique parmi les établissements français conventionnés.
Elles sont essentiellement fréquentées par des élèves de nationalité mexicaine. C’est pourquoi le lycée a développé un système de classes d’intégration. « Il s’agit de classes passerelles de mise à niveau, qui permettent en un an aux élèves du second cycle mexicain de s’intégrer dans notre second cycle, en bénéficiant d’un apprentissage intensif du français, des mathématiques et de la physique » explique le président du conseil d’administration. Dans cette perspective de partenariat avec les entreprises, le lycée franco-mexicain a même pris l’initiative de créer, il y a 10 ans, des classes de préparation au BTS. Elles permettent d’alimenter en cadres techniques les entreprises françaises présentes au Mexique. Car, si le pays forme des ouvriers et des ingénieurs en revanche, il ne forme aucun technicien supérieur. Grâce à ces BTS, les industriels peuvent désormais compter sur du personnel mexicain formé aux méthodes françaises et titulaire de diplômes français.
« C’est un atout particulièrement précieux pour les entreprises. Plutôt que d’expatrier des cadres français – une démarche qui, d’une part coûte cher à l’entreprise, et dont la réussite n’est pas toujours garantie – elles peuvent recruter directement des cadres techniciens à cheval sur les deux cultures : locale et française », insiste Pierre Longeot, directeur de l’enseignement technologique. Ces BTS, aujourd’hui au nombre de deux, Maintenance industrielle et Maintenance et après-vente automobile, sont financés par les entreprises elles-mêmes. En échange de quoi les élèves s’engagent, une fois leur diplôme obtenu, à rejoindre pendant une durée minimum de quatre ans les effectifs des entreprises qui ont pris en charge leur formation.
Le lycée compte ainsi une dizaine de partenaires tels que Renault, Sidel, Bic, L’Oréal, Danone, Gaz de France (Maxigas), etc. D’autres devraient suivre, à l’image du canadien Bombardier, séduit par l’efficacité du procédé. Par ailleurs, et en complément de cet enseignement technologique diplômant, le lycée de Mexico s’est lancé depuis un an dans la formation continue, à la carte et ponctuellement, pour répondre une fois de plus à la demande des sociétés. « Lorsqu’elles détectent de nouveaux besoins pour mettre leur personnelà niveau, elles nous demandent de créer un module de formation pour un effectif de 15 à 30 personnes » explique Pierre Longeot. Une activité encore balbutiante, mais que le lycée promet de développer rapidement.