Doit mieux faire, c’est en résumé la conclusion du rapport sur la Grèce publié par le Fonds monétaire international (FMI), l’un des principaux créanciers du gouvernement d’Athènes. Si la Grèce semble en mesure d’atteindre ses objectifs de réduction des déficits cette année, un certain nombre de risques peuvent entraver le succès du programme d’austérité initié en mai dernier, prévient le FMI.
Dicté par l’Union européenne et le FMI en échange d’un prêt de 110 milliards sur trois ans pour éviter la banqueroute, le plan d’austérité grec – qui comprend des coupes salariales pour les fonctionnaires, une augmentation des taxes et une réforme des retraites pour tous – vise principalement à réduire le déficit public de 40 % d’ici la fin de 2010, à 8,1 % du PIB contre 13,6 % l’an dernier.
Dans ce rapport, le FMI a amélioré ses projections de déficit budgétaire par rapport à celles faites lorsqu’il a débloqué le prêt en mai : ce déficit devrait atteindre 7,9 % du PIB en 2010 (contre 8,1 % prévus auparavant) et 7,3 % en 2011 (contre 7,6 %). Pour autant, le FMI redoute que certains éléments conjoncturels au second
semestre ne compliquent la politique de réduction du déficit budgétaire après la réussite affichée jusque-là.
L’institution pointe du doigt l’insuffisance des recettes fiscales et le poids encore trop lourd des dépenses publiques. Selon elle, bien que le gouvernement socialiste semble déterminé à faire appliquer le droit fiscal, il va probablement se heurter à une culture de la fraude fiscale profondément ancrée et à des résistances au sein même de ses services fiscaux. Dans ce cadre, le FMI rejette le point de vue d’Athènes sur le rôle que peut jouer l’économie souterraine pour atténuer le choc de la récession. Pour le gouvernement grec, l’économie souterraine et des poches de richesse dissimulées agissent comme un élément de protection de l’économie en soutenant la consommation. Or, pour les experts du FMI, ces « matelas » ont peu de chances de soutenir l’activité économique de manière durable. Au contraire, ils augmentent le risque d’afficher une croissance inférieure aux attentes, en particulier à moyen terme, en raison de la compétitivité toujours faible et de la conjoncture internationale.
Ainsi, la Grèce vient de tomber à la 83e place sur les 139 pays de l’indice de compétitivité du Forum économique mondial (WEF), contre la 71e place en 2009, reflétant une dégradation supplémentaire de l’environnement macroéconomique dans le pays. La Grèce se classe derrière le Rwanda, l’Égypte ou encore le Salvador. Et les perspectives restent incertaines. Le FMI a réitéré ses projections économiques de mai : un recul du PIB en 2010 et 2011 (- 4 %, puis – 2,6 %), et le retour de la croissance à partir de 2012 (+ 1,1 %).
Mais une partie de l’opinion grecque ne partage pas l’optimisme du FMI sur le retour à
la croissance d’ici deux ans. Selon une étude de l’INE-GSEE, le principal syndicat grec du secteur privé, les mesures de rigueur vont au contraire prolonger la crise économique et plonger le pays dans une longue période de récession.
La Grèce n’est pas sortie du gouffre
Le gouvernement d’Athènes est sur la bonne voie, mais de sérieux risques demeurent.