En pleine transformation depuis la chute de Ben Ali en 2011, la Tunisie voit sa jeunesse dynamisée de nouvelles perspectives économiques : une aubaine pour l’investissement et l’emploi. À l’occasion de sa visite en France du 13 au 15 février, le premier-ministre tunisien Youssef Chahed a rencontré son homologue français Edouard Philippe, pour la signature de nouveaux partenariats entre les deux pays.

Dès sa première réunion de travail le 14 février avec Edouard Philippe, le Premier Ministre tunisien a profité de ce jour symbolique pour tenter de séduire l’exécutif français : «Nous pensons que la France doit s’investir dans cette jeune démocratie tunisienne qui a montré son caractère exceptionnel, son caractère unique». Ce même discours a été répété tel un crédo, que cela soit à l’Institut du monde arabe, au Sénat ou devant le président Macron. Chaudement applaudi à l’issu de son intervention, Youssef Chahed continue de convaincre que les forces de son pays peuvent intéresser l’économie française.

Ce discours a porté ses fruits avec la signature de cinq accords de coopérations historiques et un doublement de l’investissement français en Tunisie, annoncé en clôture de sa rencontre avec Edouard Philippe. A Tunis, en janvier 2018, Emmanuel Macron avait lui-même affirmé sa volonté d’investir dans le pays. En terme de chiffres, les investissements devraient s’élever à 2,8 milliards d’euros à la fin du quinquennat, tandis que l’aide bilatérale de la France envers la Tunisie passera à 1 milliard dès 2020.

Le Haut Conseil de Coopération s’est aussi conclu avec la signature de cinq accords de coopération entre les deux pays, notamment dans l’enseignement supérieur, le développement, le transport, la santé ou encore pour le financement d’un hôpital. La facture s’élèverait à 60 millions d’euros.

Les autorités françaises ont aussi annoncé un financement par l’Agence Française de Développement à hauteur de 120 millions d’euros pour l’installation de 400 000 capteurs connectés pour le gouvernement de Sfax, de même que 30 millions d’euros de lignes de crédits ouvertes pour soutenir les PME tunisiennes. Autre projet, l’ouverture d’une université franco-tunisienne à Tunis pour l’Afrique et la Méditerranée, le soutien de la France sur le programme de santé tunisien ou encore le lancement d’un incubateur de Start-ups sur le modèle de la station F.

Avec une croissance en hausse de 2.8% la Tunisie veut montrer sa bonne forme à la France

Le sujet de la sécurité a aussi été un point débattu notamment au Sénat et à l’Institut du monde arabe. Beaucoup se souviennent du printemps arabe et de l’instabilité du régime qui avait pris place, causant insécurité et forte baisse du tourisme pendant quelques années. Le climat d’inquiétude désormais balayé, Youssef Chahed insiste sur la coopération entre les deux pays sur le plan de la sécurité et déclare son pays «aussi sûr que l’Europe».

Mais le principal sujet exposé par le Premier Ministre tunisien au Sénat aura été la politique économique. Au Forum économique franco-tunisien organisé le vendredi 15 février par Business France, il a rappelé les bons chiffres de la croissance tunisienne en 2018 (+2.8%) ou encore la hausse des investissements étrangers à hauteur de 4%. Le nombre de touristes a augmenté de 18% l’an passé pour des recettes en hausse de 25%. Il a également fait part de l’investissement de l’État dans l’industrie textile : 2 milliards investis chaque année pour développer les infrastructures. 17% du budget du pays est lié à l’éducation et la formation professionnelle. Enfin, a été mis en avant un récent baromètre de la Chambre tuniso-française de Commerce et d’Industrie , faisant état d’un regain d’optimisme parmi les entrepreneurs, vraisemblablement plus enclins à embaucher.

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