Commerce International : Concrètement, de quelles structures disposez-vous et pour quels types de services ?
Antoine Fayet : « Au sein du groupe SCIC, les Services Immobiliers, auxquels appartient SCIC Développement, regroupent 3 types de métiers, chacun porté par un ensemble d’entreprises : le Facilities management, porté par la société Eurogem qui propose tous les services à l’immeuble et à la personne, de la sécurité à l’entretien et au nettoyage etc. ; le Property management, exercé par le Groupement Foncier Français (GFF), qui gère pour le compte de tiers et en administre les biens ; enfin le Project management, domaine d’activité de SCIC Développement, qui permet de conduire des projets immobiliers de la phase de l’audit et de conseil en amont jusqu’à la livraison clé en main, en passant par les étapes de conception et de construction. Leur but est de permettre à tout détenteur de patrimoine d’une part d’en tirer la quintessence économique et financière, d’autre part de se concentrer sur son “ core business ”. Dans le domaine du management de projets, notre offre comprend donc à la fois du conseil, de l’analyse, de l’expertise, de la valorisation et de la réalisation. Notre organisation nous permet de répondre à toutes les demandes à travers un réseau d’une quinzaine de directions régionales couvrant l’ensemble du territoire et dont SCIC Développement est la tête de pont. Ce réseau s’appuie sur 4 filiales en charge chacune d’un métier : Tertial, spécialisée en immobilier d’entreprise et activités tertiaires ; G3A, (Grande Arche Architecture Aménagement), spécialisée dans les grands équipements et la santé ; Générale de projet, qui intervient plus spécifiquement en assistance et expertise technique à maîtrise d’ouvrage ; enfin CD Cités, qui couvre le domaine des Sociétés anonymes d’Économie Mixte (60 SEM représentant plus de 35 000 logements et équipements de proximité). Elle intervient dans le logement en général et plus particulièrement dans le renouvellement urbain, enjeu majeur des années à venir. Cet ensemble regroupe plus de 700 personnes (ingénieurs, experts immobiliers, directeurs de projets, chargés d’études, programmistes, juristes et analystes financiers…). »
C. I. : L’ensemble de vos compétences vous place naturellement sur le marché de l’externalisation des biens immobiliers. Quels sont vos arguments en faveur d’une démarche encore balbutiante en France, où on a encore du mal à imaginer qu’une très grosse entreprise ou un grand institutionnel ne soit pas propriétaire de son site ?
A.F. : « Cette approche est l’occasion de réfléchir sur la destination des biens et partant, d’en optimiser la valorisation. Ce mouvement constitue aujourd’hui l’axe majeur de développement du marché en Europe : avec 71 % du patrimoine immobilier européen encore entre les mains des utilisateurs, contre 18 % aux États-Unis, le potentiel paraît gigantesque. À la base de la réflexion, une évidence : les capitaux propres, rares et chers, doivent être par priorité affectés au métier lui-même et non pas servir à porter ce qui permet de l’exécuter. Pour l’entreprise, le processus conduit à l’externalisation de son patrimoine, dont elle demeure l’occupant, le Global Services Provider la déchargeant non seulement de l’ensemble des contraintes d’administration, de gestion de maintenance, etc., mais lui assurant une valorisation optimisée. Quant aux collectivités territoriales, locales, publiques et parapubliques, limitées dans leurs capacités financières par les contraintes budgétaires, elles ne peuvent que tirer profit de ce type de démarche fondée sur un Partenariat Public Privé (en Angleterre : Private Finance Initiative), dont l’Hôtel de Police de Strasbourg est l’un des tout premiers exemples français. Cette solution extrêmement souple, outre qu’elle n’empêche nullement l’État et les pouvoirs publics de remplir leurs devoirs régaliens, conduit de surcroît à obtenir la » best value ” sur les équipements par rapport aux méthodes classiques de financement et au formalisme de la réalisation des équipements publics. En fait, il ne fait aucun doute pour nous que la tendance est aujourd’hui à la banalisation des fonctions supports et à la mobilisation de fonds privés pour des équipements publics. Dernier avantage de cette approche globale du service immobilier : le propriétaire n’a en face de lui qu’un seul interlocuteur, global. »
C.I. : Le succès de vos réalisations sur le territoire français ne vous incite-t-il pas à exporter votre savoir-faire ?
A.F. : « Pour un groupe comme le nôtre, il va de soi que le développement à l’international représente une opportunité, en même temps qu’un challenge, pour asseoir notre croissance. Le processus est d’ores et déjà bien engagé, tout d’abord en Angleterre au travers d’une joint-venture avec la société MACE, un des leaders du Project Management dans son pays, très engagé dans l’ensemble des processus liés au Private Finance Initiative. Créée en 2001, cette synergie doit notamment se déployer dans les domaines hospitaliers, du logement étudiant et du renouvellement urbain. À titre d’exemple, nous sommes lauréats pour une opération portant sur 350 logements d’étudiants à Brighton. Après l’Angleterre, nos objectifs sont l’Espagne, l’Italie et l’Allemagne. Pour ce faire, nous constituerons dès 2002 une société nous donnant la capacité d’intervenir dans toute l’Europe. Enfin, et bien qu’il ne s’agisse pas à proprement parler de l’étranger, nous disposons d’une présence réelle dans les DOM-TOM, à travers 2 agences, l’une à Tahiti où nous réalisons le nouvel hôpital de Papeete, l’autre à la Réunion où nous intervenons dans les domaines hospitaliers et universitaires en partenariat avec les SEM locales. Les projets concernant les autres départements et territoires d’outre-mer sont, pour leur part, traités depuis Paris. Enfin, nous accompagnons nos clients dans leurs projets à l’extérieur. C’est ainsi que nous intervenons actuellement au Ghana sur la réhabilitation d’un hôtel du groupe Accor. Pour conclure, je dirai que si l’international ne représente encore qu’une part marginale de notre activité, il est plus que jamais au cœur de nos préoccupations ».