En Afrique du sud, beaucoup de PME sont passées en mode survie

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Jacques Swart espère bien faire partie du mouvement de croissance du secteur touristique en Afrique du Sud. À Amarulahunt, sa réserve de chasse privée située dans la région du Gauteng, il poursuit son inspection quotidienne. L’année passée, les touristes se sont faits plus rares et son chiffre d’affaires a baissé. Pour 2009, il n’a encore aucun client prévu. Mais il veut rester optimiste sur son bout de terre parsemé de lodges de charme qu’il tient avec sa femme. La flexibilité de son système d’embauche lui a permis de ne pas licencier et de limiter les coûts fixes. « Les gens sont quand même venus en 2008, car nous offrons des tarifs compétitifs. La faiblesse du rand permet aux étrangers des vacances de qualité pour un prix en baisse par rapport aux autres années. Mais ils attendent la Coupe du monde pour venir. Ils voient que l’Afrique du Sud est en attente des prochaines élections. Ils se posent des questions. Du coup, cette saison a été plutôt creuse », dit-t-il. Anticipant le mouvement, il a mis en place une stratégie marketing lui permettant de survivre. « Nous avons baissé les prix avec une entrée de gamme de trois animaux. Les gens viennent parce que c’est moins cher. Une fois sur place, ils n’en ont pas eu pour leur compte. Du coup, ils rachètent un package », explique-t-il, le rire un peu jaune.

 

Les petits exploitants disparaissent
Même cas de figure pour le secteur du vin. En 2008, les vins sud-africains ont réalisé des performances exceptionnelles à l’export : + 33 %. La mauvaise production australienne, l’instabilité sur les marchés sud-américains, la bonne récolte et aussi la faiblesse du rand expliquent en partie ces bons résultats. Mais dans son exploitation de la région du Cap, Jean du Toit, le directeur de Boland Kelder, explique que ces performances sont avant tout le résultat d’une stratégie marketing ciblée et souligne les difficultés que rencontre le secteur. « Les vins sud-africains ont reçu un très bon accueil à l’international. Ils ont été souvent primés et nous avons conquis des marchés. Mais les prix restent sous pression et beaucoup de producteurs vendent au prix de revient. Certains ont toujours le même revenu par tonne de raisins qu’en 2002 », explique-t-il. À ses débuts, il vendait 70 % de sa production au Royaume-Uni et en Hollande. Aujourd’hui, 53 % de sa production va à de nouveaux marchés comme la France ou les États-Unis. Mais la taxation élevée de l’alcool, la difficulté à emprunter, le peu d’aides du gouvernement et la vieillesse de certains vignobles empêchent non seulement le développement, mais surtout le renouvellement des cépages. La récolte 2009 s’annonce déjà beaucoup moins bonne. « Les fermes les moins productives disparaissent ou se recyclent. Beaucoup de commerces sont arrêtés ou à vendre », explique-t-il. Pour faire face, des joint-ventures ont été créées et des accords conclus entre les producteurs pour pénétrer de nouveaux marchés. En revanche, « il y a de plus en plus d’investissements étrangers et nous espérons en voir plus. »

 

Compétences plébiscitées
Autre secteur, et autre niveau d’activité, chez Adenium, à Johannesbourg, où le planning est plutôt chargé. Cette entreprise française spécialisée dans la gestion des risques et installée en Afrique du Sud depuis un an a trouvé le très bon filon : ses compétences pointues sont plébiscitées par les entreprises grands comptes françaises et sud-africaines. « Nous croyons au potentiel de l’Afrique du Sud et au développement durable de nos offres en risk management. Cela représente aussi une excellente tête de pont pour pénétrer le continent africain », explique Christian Bultel. Cette filiale compte une dizaine d’employés parmi lesquels des Français, des Sud-Africains et des Franco-Sud-Africains. Et si les débuts n’ont pas toujours été faciles, aujourd’hui la filiale a trouvé son rythme de croisière. « Pendant les six premiers mois, le système bancaire nous a posé des difficultés. Nous peinions aussi à trouver des compétences qualifiées. Mais aujourd’hui, le retour d’expérience de notre implantation est satisfaisant et nous ouvre des perspectives intéressantes », poursuit-il. Et la question de savoir si, à son avis, l’Afrique du Sud offre des opportunités aux entreprises étrangères, sa réponse est oui. Sans hésitation.

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