Alors que l’instabilité politique s’installe durablement en France, les Chambres de Commerce et d’Industrie alertent sur les conséquences directes de cette situation sur la confiance des entrepreneurs, l’investissement et la compétitivité. Pour nombre de dirigeants consulaires, la France vit une crise de gouvernance qui fragilise l’économie réelle.

Depuis plusieurs mois, la crise politique alimente un climat d’incertitude inédit pour les entreprises françaises. Les CCI, à travers leurs présidents régionaux, constatent une inquiétude croissante dans les territoires. André Garreta, Président de la CCI Bayonne–Pays Basque, évoque une économie «en vol à vue» : «On se pose la question, est-ce qu’il y a un pilote dans l’avion ? Les gouvernements se succèdent, les ministres défilent, les caps sont annoncés puis effacés. Pendant ce temps, les chefs d’entreprise maintiennent l’emploi et investissent malgré le brouillard politique.»

Cette incertitude a des répercussions concrètes : les décisions d’investissement sont reportées, les carnets de commandes s’allègent et la demande intérieure s’essouffle. Le baromètre éco de la CCI Bayonne–Pays Basque, publié début octobre, souligne trois difficultés majeures citées par les chefs d’entreprise : la baisse de la demande, la hausse des coûts de production et le poids des charges fiscales et sociales. Pour Garreta, «si la France était une entreprise, elle serait déjà convoquée par son banquier».

Même son de cloche du côté de la CCI du Maine-et-Loire, où son Président Matthieu Billiard estime que «l’atonie économique pourrait durer jusqu’à la présidentielle». Selon lui, la visibilité politique est désormais si réduite que «la prudence est devenue la règle», avec des effets de freinage sur l’emploi et la croissance.

Au niveau national, les CCI s’inquiètent également du risque d’érosion de la compétitivité française. L’instabilité politique freine les réformes structurelles nécessaires pour contenir l’inflation, simplifier la fiscalité et renforcer l’attractivité du pays auprès des investisseurs étrangers. Plusieurs Chambres régionales rapportent que des projets d’implantation internationale sont actuellement suspendus dans l’attente d’un cadre plus clair.

Les conséquences économiques se font déjà sentir : la croissance du PIB français est revue à la baisse à 0,6% pour 2025, contre 1,1% initialement prévu. Dans un contexte où les marges des entreprises s’amenuisent et où les dépenses publiques atteignent des niveaux record, les CCI redoutent une «spirale de ralentissement» si les décisions politiques continuent d’être différées.

Face à cette situation, les CCI appellent à un pacte de stabilité économique et sociale, fondé sur trois axes : garantir la continuité des politiques publiques malgré les tensions politiques, restaurer la confiance des investisseurs, et soutenir les PME dans leur transition écologique et numérique. Pour André Garreta, «le pays doit retrouver un cap clair, lisible et stable — sans cela, la France risque de perdre une partie de son tissu productif».

Les dirigeants consulaires insistent enfin sur le rôle des CCI comme intermédiaires de confiance entre l’État et le monde économique. Dans un moment où la parole publique se fragmente, les chambres entendent peser dans le débat national pour défendre une économie de terrain, ancrée dans les territoires et tournée vers la compétitivité durable.

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