
Les grandes écoles françaises sont devenus très inquiètes quant à leur financement par les CCI après la loi de finance 2018 qui a impacté négativement les moyens des chambres de commerce, certaines écoles ont même préféré chercher des fonds privés en devenant des sociétés anonymes pour continuer à fonctionner. Quel avenir pour les grandes écoles ?
Des grandes écoles telle que HEC, l’ESSEC, Toulouse Business School, ou encore ESCP Europe s’inquiètent des réformes passés et présentes qui mettent de sérieux freins dans le budget des CCI, certaines écoles perçoivent jusqu’à 10% de leur budget annuel grâce au financement par les chambres. Un directeur d’une grande école nous interpellaient d’ailleurs en nous expliquant qu’après avoir vu les frais de scolarité multiplié par 2 et demi en 20 ans, ceux-ci pourraient encore grimper plus sérieusement avec des baisses de dotations des CCI. «On se demande comment on va faire. Il nous faut du temps et aussi s’assurer qu’on ne tombe pas dans la logique du tout-marché et la dérive américaine d’endettement des étudiants.»
Une étude menée par Jean-Michel Huet pour l’institut Montaigne permet de relativiser selon son auteur qui déclare : «La plupart des écoles ne reçoivent plus aucun financement des chambres. Et les subventions restantes sont à mettre en regard de tout ce que les écoles versent aux chambres – loyers ou frais de structure […] les flux financiers sont très souvent à l’équilibre».
Plusieurs écoles tel que ESCP Europe ont choisi de passer sous le statut de société anonymes grâce à la loi Mandon de 2014, ce changement de régime leur permet d’accueillir des actionnaires privés sans distributions de dividendes, les CCI devant elles détenir 51% du capital. C’est ainsi que cette école de management vise une autonomie à l’horizon 2022, sans dotations de la CCI. Frank Bournois le directeur général de ESCP Europe affirme que «Cela nous conduit à aller chercher d’autres ressources financières tout en trouvant des solutions pour les élèves boursiers».
Faudra-t-il des subventions publiques pour sauver les grandes écoles ?
Jean-Michel Huet plaide lui pour un amendement de la loi Mandon afin de passer au dessus du plafond de 51% pour un actionnaire dormant tout en n’oubliant pas de continuer à faire des écoles des institutions d’intérêt vitale pour le pays. Xavier Cornu qui a exercé la tutelle d’HEC Paris, de l’ESSEC ou encore de ESCP Europe pour la CCI Paris Île-de-France prédit lui une modification ou une disparition de la loi Mandon pour permettre aux écoles de survivre.
Refusant le terme d’actionnaire dormant, François Bonvalet le directeur de Toulouse Business School qui est aussi conseiller technique à la CCI Toulouse défend lui le terme d’actionnaire historique au sujet des CCI, leur accompagnement est bien plus qu’un simple financement et sert de lien au territoire pour renforcer les écoles.
Jean-Michel Huet souhaite le création de vrais subventions pour les écoles de commerce, rappelant que l’intérêt général doit prévaloir, Xavier Cornu un brun cynique se demande pourquoi Bruno Le Maire ne s’attaque pas aux subventions des écoles d’ingénieurs rattachées à son ministère. Affaire à suivre.