« Le principe destiné aux PME attire un nombre croissant d’entreprises qui voient dans les pays du Maghreb, en particulier, une main-d’œuvre bon marché à seulement quelques heures d’avion », observe Emmanuel Noutary, directeur de projet pour Anima Investment Network, meneur de l’opération. Pour l’année 2009, ce programme de 12 millions d’euros(1) aura pour mission d’accompagner et de financer une trentaine d’initiatives visant à établir un pont économique entre le Nord et le Sud. Et pas moins de 90 projets d’ici à 2011, émanant des membres des réseaux représentés au consortium Invest in Med (Anima, Ascame, Business Med, eurochambres). Amélioration de la traçabilité des produits, développement de l’entrepreneuriat féminin ou de la franchise sont autant de projets de coopération avec un objectif commun : permettre aux PME de pénétrer les marchés du Sud tout en garantissant réciprocité et complémentarité (transferts de connaissances et de technologies, créations d’emploi ou programmes de formation).
Difficile, derrière les discours, de tirer un bilan chiffré d’Invest in Med. Certaines initiatives retenues on fait leurs preuves. Ainsi du compagnonnage industriel. Ce concept régional, élaboré par l’Adeci (Association régionale pour le développement du compagnonnage industriel international) il y a 15 ans dans la région PACA, consiste à rapprocher des entreprises du sud-est de la France et du Maghreb pratiquant le même métier. Si bien qu’entre 1995 et 2005, l’Adeci a couplé 136 entreprises avec succès. Hicham El Merini, chef d’entreprise aixois fabricant de composants électroniques maritimes de pointe, a sollicité l’Adeci en 2006. Deux mois plus tard, il créait une filiale au Maroc qui lui a permis de subtiliser un marché à un concurrent roumain « sans pour autant sombrer dans le low-cost ». à son échelle, il estime avoir œuvré pour les populations locales : « Mes 36 employés ont désormais accès à la société de consommation. Ils sont aujourd’hui capables de s’offrir des voitures et de contracter des crédits pour une maison. » À l’avenir, Invest in Med, qui pourrait cibler les secteurs du textile et de l’agriculture, cherchera à privilégier la croissance externe des entreprises du Sud : « À l’heure actuelle, il apparaît que la grande majorité des initiatives vient des Européens. Il faudrait maintenant équilibrer la donne », souhaite Emmanuel Noutary.
(1) Cofinancé par la Commission européenne (9 millions d’euros) et par les membres du consortium.