Quiconque est allé en Inde connaît le choc culturel qu’un tel voyage représente. De plus en plus de salariés européens ou américains sont amenés à collaborer avec des salariés indiens, tout en restant basés dans leur propre pays. Pour que la communication soit bonne, mieux vaut connaître quelques éléments de base de la culture indienne. Le temps est en Inde un éternel recommencement. Ce qu’un Indien ne fait pas dans cette vie, il le fera dans une autre. C’est dire s’il ne se sent pas pressé. La famille tient en outre une place fondamentale en Inde. « Un Indien qui part au travail a pris le petit déjeuner que lui a préparé sa mère ou sa belle-mère, et mis la chemise qu’elles lui ont repassée », raconte Ashok Patrick Pakiam, formateur interculturel.
Les Indiens nourrissent un grand respect pour le chef. Un trait qu’ils partagent avec leurs voisins asiatiques. Comme les Chinois ou les Japonais, les Indiens ont aussi tendance à communiquer de façon indirecte. Pour éviter de vous faire perdre la face, un Indien ne vous dira donc jamais non. « Les Indiens vivent en groupe. Or, ils ne peuvent pas dire ce qu’ils pensent sans risquer de voir le groupe se désintégrer. Alors que les sociétés occidentales attachent de l’importance à l’opinion de chaque individu, communiquer sert chez eux à entretenir les relations. » D’où la nécessité d’être attentif aux non-dits et aux sous-entendus. Et de ne pas s’y méprendre : quelqu’un qui vous dit oui veut simplement dire qu’il vous entend. Un certain patriotisme économique s’y développe depuis quelques années.
« Trop nombreux sont encore ceux qui, notamment parmi les Français, travaillent avec des Indiens en pensant que c’est à eux de s’adapter. Les Indiens ne sont plus prêts à accepter cette idée. » Une entreprise qui souhaite s’implanter en Inde a donc intérêt à bien choisir ses expatriés. « Une société allemande internationale a nommé un PDG en Inde. Le week-end qui a suivi son arrivée, il a été surpris de voir sa secrétaire débarquer chez lui. » Elle passait dans le quartier et voulait savoir s’il n’avait besoin de rien. Un comportement pour elle naturel, la séparation entre vie professionnelle et vie privée étant en Inde faible. « Le PDG, gêné d’être ainsi dérangé, lui a dit qu’elle n’avait rien à faire chez lui puisqu’il ne l’avait pas invitée. Ayant perdu la face, elle a démissionné. Mais l’incident a suscité la méfiance, voire la réprobation des autres salariés. L’image de l’entreprise en a peu à peu été affectée. Et la société peine aujourd’hui encore à l’améliorer. »