Dans son discours préalable au dernier sommet du G8, en mai 2011, le président américain Barack Obama a promis une importante aide économique à l’Égypte pendant la période transitoire. Près de 30 milliards d’euros, dont près de la moitié profiterait à l’économie égyptienne, pourraient être mobilisés pour soutenir le « printemps arabe ». Une aide précieuse, mais sera-t-elle suffisante? Les événements de l’hiver 2011 n’ont pas manqué de se répercuter lourdement sur les activités les plus essentielles. L’afflux touristique a chuté de 45,7% au premier trimestre 2011. La fréquentation du pays par les habitants d’Europe de l’Ouest, qui constituent l’essentiel des provenances, a diminué de plus de la moitié par rapport à la même période de l’année dernière.
Plus inquiétant, les investissements directs étrangers sont en panne alors que le pays s’appuie fortement sur ces ressources pour générer de la croissance. Ils ont chuté d’environ 30% au cours du premier trimestre. « Pour bon nombre d’entreprises occidentales implantées en Égypte ou tournées vers elle, c’est un coup d’arrêt brusque, même si certains indicateurs laissent espérer une amélioration progressive », estime Naguib Sawiris, président de la Chambre de commerce allemande en Égypte. Comme un malheur n’arrive jamais seul, le niveau de l’inflation s’est invité dans la problématique. Il a augmenté d’1,2% en avril dernier, après une hausse d’1,3% en mars, et la Banque centrale d’Égypte table sur une inflation de plus de 12% pour l’ensemble de l’année. L’augmentation est principalement imputable au prix des produits alimentaires dont la plupart ont « augmenté considérablement au cours de l’année écoulée » selon un rapport de l’Agence centrale pour la mobilisation publique et de la statistique.
« Parmi les interventions d’urgence, il faut mettre en place des opérations visant à améliorer l’image de l’Égypte et rassurer les entreprises et investisseurs étrangers, explique Naguib Sawiris. Nous avons notamment appelé, en précisant l’importance des enjeux, les investisseurs allemands à accorder à l’Égypte davantage de soutien à court terme afin de pouvoir rebondir le mieux possible. » Confiant sur l’avenir des relations bilatérales, le ministre égyptien de l’Industrie Samir El-Sayad a déclaré, à l’occasion d’une séance de travail tenue par la Chambre de commerce arabo-allemande en avril dernier, que les relations économiques entre l’Égypte et l’Allemagne connaîtraient de nouveaux horizons. Il a également appelé les compagnies allemandes à accroître leur implication en Égypte.
La Chambre de commerce arabo-britannique s’efforce aussi d’optimiser en présentant aux entrepreneurs et investisseurs britanniques les opportunités d’échanges qui peuvent naître de ce nouveau contexte. De leur côté, les autorités égyptiennes étudient de nouvelles pistes pour se donner les meilleures chances de réussite. Une délégation soudanaise, au sein de laquelle se trouvaient les ministres du Commerce, de l’Industrie et de l’Agriculture, a récemment visité le pays pour aborder le sujet de la création d’une zone de libre-échange entre les deux États. Une zone industrielle de 2 millions de mètres carrés pourra être construite au Soudan afin d’accueillir des sociétés égyptiennes spécialisées dans le traitement du cuir, l’agro-business et les produits pharmaceutiques. En outre, un système unifié de normes pour les produits soudanais et égyptiens a été adopté. Le Qatar a, par ailleurs, fait part de sa volonté d’investir entre 7,5 et 9 milliards d’euros dans différents projets en Égypte.
Pour Fayza Aboul Naga, ministre égyptien de la Coopération internationale, « le ralentissement économique n’est que temporaire; il ne change rien aux objectifs à long terme ». L’objectif annoncé en matière de tourisme est de 18 millions de visiteurs par an d’ici 2015. Les potentialités de ce secteur sont loin d’êtres épuisées, car l’offre touristique se diversifie. La croissance est également décrite comme prometteuse dans le domaine agroalimentaire: 37% des investissements dans le secteur proviennent d’entreprises étrangères. Pour Danone, Lactalis et Bel, déjà installés dans le pays, le territoire est devenu une plate-forme de production et d’exportation de produits laitiers pour toute la région. « L’Égypte manque encore de fournisseurs de qualité à l’heure actuelle, mais elle offre toujours de nombreuses potentialités d’implantation pour les produits européens », assure Naguib Sawiris.