Christian Louis-Victor, Natixis Garanties: « Nous sommes capables de faire face aux aléas d’un marché globalisé »

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Pour se porter caution dans le domaine immobilier, mieux vaut connaître dans le détailles métiers et les comportements de ses clients. Rencontre avec Christian Louis-Victor, président du directoire de Natixis Garanties, l’un des leaders de la caution et de la garantie en France.

On assure bien ce que l’on comprend bien, tel est le credo des analystes de Natixis Garanties, spécialiste multimétier de l’assurance-caution et de la garantie financière.

 

Commerce International : L’assurance-caution est-elle affectée par le durcissement de l’offre de crédit et la dégradation du secteur immobilier ?

 

Christian Louis-Victor : « Depuis trois ans, notre stratégie de consolidation vise à parer aux aléas inévitables de la conjoncture. Cette stratégie a abouti cette année à la fusion de nos activités. Nous sommes aujourd’hui le n° 2 de la garantie de prêts aux particuliers, ainsi que le co-leader des garanties données par les constructeurs immobiliers. En développant nos métiers aussi bien en direction des réseaux bancaires ou du corporate que des administrateurs de biens ou des agents immobiliers, nous sommes capables de faire face aux aléas d’un marché globalisé, par essence fluctuant et dynamique. Le logement neuf, le collectif ou l’administration de biens n’ont pas les mêmes cycles de vie, il faut s’y adapter. La fusion des entités anciennes – CEGI, Saccef, Socamab – va nous permettre d’avoir plus de poids et d’être le pôle de structuration de la caution en France. C’est là notre vocation (lire Commerce International n° 37, janvier 2008, ndlr). »

 

En quoi le fait d’être leader dans votre secteur va vous permettre de mieux exercer vos métiers ?

 

C. L.-V. : « Notre consolidation nous permet d’avoir plus de capacités en fonds propres, ce qui va nous aider à déployer l’ensemble de nos métiers de manière optimale. Nous misons sur une large palette de compétences et sur la connaissance fine que nous avons de nos clients pour apporter notre expertise en matière d’évaluation des risques. Notre particularité est de mettre l’humain au cœur de nos métiers et notre culture est basée sur le triptyque qualité des hommes, des produits et de la gestion. On n’assure pas une entreprise uniquement en analysant son bilan. Il faut mettre de la chair autour des modèles mathématiques qui, à mon goût, régissent trop dogmatiquement la gestion des risques. C’est pourquoi, en plus de la maîtrise des techniques financières, nos analystes ont tous une longue expérience du terrain comme architectes, ingénieurs travaux publics ou autres. Notre faible taux de sinistralité s’explique par cette connaissance des comportements humains. À chaque instant il nous faut intégrer les biorythmes économiques de chacun. Un agent immobilier ne vit pas dans le même tempo et n’a pas le même type de réaction qu’un industriel, et nous devons nous y adapter pour mieux les couvrir. Cela nous réussit plutôt bien, puisque notre croissance était encore à deux chiffres en 2007 ! »

 

En tant que président de l’Union des maisons françaises (ex-UNCMI), vous êtes aussi le défenseur acharné de la maison individuelle. Celle-ci n’a plus la faveur des urbanistes et des aménageurs qui la trouvent trop exigeante en énergie. Qu’en pensez-vous ?

 

C. L.-V. : « Dans ce domaine, il faut se garder d’avoir des conceptions trop dogmatiques. L’habitat individuel résiste mieux à la décroissance de l’immobilier, et ce n’est pas pour rien. Le dogme actuel est celui de la densification du tissu urbain, qui serait, selon certains, l’alpha et l’oméga de toute politique du logement. Je m’érige en faux contre cette conception technocratique qui ne tient pas compte des réalités, du fait qu’une forte densité urbaine provoque souvent des problèmes sociaux qui ne sont pas pris en compte en amont. Pour ce qui concerne la question énergétique, l’expérience montre qu’on arrive à mieux maîtriser les consommations dans les maisons individuelles que dans le collectif. La preuve : les seuls habitats à basse consommation d’énergie (1) sont pour l’instant individuels. »

 

Ces logements à basse consommation d’énergie vont coûter plus chers. Comment les financer ?

 

C. L.-V. : « La construction de ces logements va coûter de 20 à 25 % plus cher, ce n’est pas rien. Pour faire face à ce surcoût, qui représentera environ 20 000 euros pour une maison de 100 à 120 m2, nous avons proposé et obtenu du gouvernement qu’il mette en place le prêt écologique à taux zéro. C’est une bonne mesure qui contribuera à la réussite du Grenelle, mais cela ne suffira pas, car les consommateurs doivent pouvoir obtenir une véritable garantie de résultat sur la performance énergétique de leur logement. Il faudra définir des cahiers des charges sérieux dans un domaine complexe, et travailler à augmenter les compétences des professionnels chargés de la mise en place et du contrôle de la performance énergétique. C’est pourquoi nous demandons que les diagnostiqueurs thermiques soient assermentés au sein d’une profession devant devenir plus réglementée. »

 

(1) Sont considérés comme logements à basse consommation d’énergie les habitats ne consommant pas plus de 50 kWh / m2 par an. La moyenne de consommation des logements standard est à ce jour plus proche de 150 ou 200 kWh / m2 par an.

 

Natixis Garanties en bref

 

En 2007, Natixis Garanties, spécialiste multimétier de l’assurance-caution et de la garantie financière, représentait un chiffre d’affaires de 170 millions d’euros et employait 230 collaborateurs. Présent sur les différents secteurs de la garantie et de la caution, Natixis Garanties a pour clients les principaux leaders de l’immobilier et de l’administration de biens, ainsi que de nombreuses banques (Barclays, Crédit agricole, Banque AGF…) et de très nombreuses entreprises du domaine du négoce, de la distribution, de transitaires en douane, etc.

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