Au-delà des images d’aventures, la première idée qui vient à l’esprit lorsque l’on évoque le Venezuela sur un plan économique est bien entendu l’immensité de ses gisements de pétrole. Cette richesse fait aujourd’hui de cet espace l’un des pays les plus importants d’Amérique Latine, avec le quatrième PIB/habitant derrière l’Argentine, le Chili et le Mexique.
En effet, le pétrole constitue plus de 75 % des exportations nationales, 40 % des recettes publiques et forme directement environ 25 % du PIB. Cette manne est à la fois son meilleur atout et sa plus grande faiblesse, car « outre que cette extrême dépendance aux revenus pétroliers rend la croissance sujette à de fortes fluctuations, l’immense potentiel pétrolier a également empêché la constitution et le développement d’assises saines de l’économie, et notamment son équilibre entre les divers secteurs d’activité », précise dans sa dernière étude le PEE.
En matière économique, le pays n’a pas connu de changement majeur depuis début 1999, date de l’accession au pouvoir de Hugo Chavez à la présidence de la République. Élu en décembre 1998 sur un programme novateur qui dénonçait le bipartisme et la corruption du régime, il a surtout donné sa priorité à la définition d’un nouveau cadre constitutionnel et législatif. Il y avait pourtant fort à faire sur le plan économique. Son prédécesseur, Raphaël Caldera, avait laissé en héritage un lourd déficit fiscal avec en prime une crise économique.
Certes, Hugo Chavez a donc entrepris d’enrayer au plus vite ce gouffre tout en se concentrant sur certains aspects sociaux (hausses des salaires, paiements des arriérés des prestations sociales), mais son action aura surtout porté ses efforts sur le renforcement des liens de son pays avec l’Opep.Ont ainsi pu être constatés le retour à la discipline de la production pétrolière vénézuélienne, le rôle actif du Venezuela dans la renégociation des quotas de production, avec tout le bénéfice qui a pu être tiré de l’envolée des cours pétroliers qui a suivi. Son bilan reste cependant pour le moment très mitigé : « son langage contradictoire, oscillant entre libéralisme et réglementation, entre appel aux capitaux privés et souhait d’un état dominant, entre ouverture et protectionnisme, il est pour l’heure mal aisé de distinguer paroles et actes et de désigner la réalité d’objectifs gouvernementaux », conclut l’étude.
Il n’empêche, et on l’aura compris, que les chiffres du secteur pétrolier restent un des meilleurs baromètres de l’économie vénézuélienne. En 2000, les exportations de cet or noir, estimées à près de 27 milliards de dollars, étaient essentiellement destinées au continent américain, et notamment aux États-Unis où Petroleos de Venezuela SA (PDVSA) contrôle environ 10 % du marché de l’essence. Cette société est présente à tous les étages de l’industrie pétrolière : elle est à la fois dans l’exploration, la production, le raffinage, la commercialisation et la distribution de produits raffinés. Elle intervient également dans le gaz naturel, la pétrochimie et l’exploitation du bitume. À ce titre, la pétrochimie fait partie depuis l’arrivée au pouvoir de Chavez des secteurs jugés prioritaires. Des projets, qui portent sur un montant d’investissement supérieur à 8 milliards de dollars, ont été lancés dans le cadre du plan 2000-2009.
Abandon du « tout pétrole » pour une relance de l’agriculture
Autre secteur jugé important, le secteur minier. Une nouvelle loi sur les mines est sortie en 1999. Elle élimine l’impôt de prospection et exonère de l’impôt sur la superficie pendant les trois premières années après l’obtention de la concession. « Cependant, relève la note du PPE, le régime fiscal serait plus élevé que précédemment, selon le secteur privé, notamment pour l’or ». Cela étant, ce prisme pétrolier laisse de côté d’autres pans pourtant vitaux de l’économie. Celui de l’agriculture et de l’agroalimentaire par exemple, restent encore déficients. Ces activités représentent respectivement 4,7 et 2,4 % environ du PIB. Dans un cas comme dans l’autre, le Venezuela reste dépendant de l’étranger d’où il importe 50 à 60 % de ses besoins alimentaires et en matières premières pour l’agroalimentaire. Toutefois, dans le domaine de l’agroalimentaire, il est souligné que les entreprises locales sont bien dotées en terme d’outils de production et de réseaux de distribution, et qu’elles peuvent donc offrir aux entreprises étrangères, par le biais d’acquisition ou de partenariats, une ouverture intéressante sur le marché vénézuélien. De même, le secteur de la construction peut laisser présager une reprise cette année, compte tenu de la nécessité de combler le déficit en logements sociaux et de travaux à effectuer sur l’État de Vargas particulièrement affecté par les catastrophes de septembre 1999.
Dans ce pays, la présence française est loin d’être négligeable : les investissements de notre pays s’élevaient à près de 860 millions de dollars, soit près de 8 % des investissements totaux et 2,3 % des investissements non pétroliers (3,8 % pour la Grande-Bretagne, 2,8 % pour l’Espagne), et devraient atteindre environ 2 000 millions à la fin de cette année. Il s’agit parmi les groupes présents essentiellement de groupes de construction, d’électricité tels Schneider Electric, Alstom, de groupes pharmaceutiques (Rhône Poulenc, Sanofi Synthélabo), de chimie (Elf Atochem, etc.).
« Le nombre des implantations françaises a augmenté régulièrement ces vingt dernières années », constate le rapport du PEE. Malgré les soubresauts de l’économie, elles sont aujourd’hui environ 70, soit près de 6 000 emplois locaux et 150 expatriés. D’autres sociétés devraient investir prochainement ou l’ont peut-être déjà fait, comme Casino, Péchiney et Aventis. La CGEA est dès à présent installée localement dans les domaines de la gestion des déchets urbains et des infrastructures de transports pour le terminal routier de La Bandera.