
Une baisse de l’aide au développement
Alors que les crises humanitaires et les conflits se multiplient à travers le monde, le besoin de solidarité internationale n’a jamais été aussi crucial. Pourtant, le monde de l’aide se replie cette année. De nombreux pays, dont la France, ont décidé de diminuer leur part d’aide publique au développement (APD). En France, alors que la proposition du projet de loi de finances 2025 prévoyait déjà une baisse de 1,4 milliard d’euros de l’APD, les sénateurs en janvier 2025 ont obtenu une coupe supplémentaire de 800 millions d’euros, portant la réduction totale à plus de 2 milliards d’euros, soit une diminution de 35% de l’enveloppe de l’APD par rapport au budget initial de 2024.
L’aide au développement des pays du Nord vers les pays du Sud
Depuis les années 1970, les États du «Nord» se sont engagés à investir chaque année un pourcentage de leur produit intérieur brut (PIB) dans l’aide aux pays en développement. Cet engagement a été formalisé lors de l’Assemblée générale des Nations Unies en 1970, où les pays du «Nord» ont convenu de consacrer 0,7% de leur PIB à l’aide publique au développement. Cet objectif visait à réduire les inégalités mondiales et à promouvoir le développement économique et social dans les pays en développement. Cependant, 50 ans après, la réalité est tout autre. Alors que les pays rencontraient déjà des difficultés à atteindre ce chiffre, l’annonce de baisse de l’aide au développement public dans de nombreux pays européens, comme l’Allemagne, la Suède et les Pays-Bas, n’est pas prometteur.
“America first” et gel de l’USAID
De l’autre côté de l’Atlantique, l’arrivée au pouvoir de Donald Trump et sa politique d’«America First» ont eu des répercussions immédiates. Quelques jours après son élection, le Président américain a signé un décret gelant l’aide américaine pendant 90 jours pour examiner quels projets seraient encore finançables. Il est néanmoins crucial de rester vigilant quant à l’avenir de l’aide extérieure américaine, à la fois en volume et par ce qu’elle va couvrir comme projets dans le contexte de l’Amérique protectionniste de Trump. Aujourd’hui, les États-Unis sont de loin les principaux pourvoyeurs d’aides extérieures et notamment humanitaires dans le monde. En 2023, l’USAID (Agence des États-Unis pour le développement international) avait dépensé près de 42 milliards de dollars en aide au développement.
Une des principales préoccupations des ONG engagées sur les droits et la santé sexuelle et reproductive est, comme à chaque administration républicaine et encore plus en 2025, l’arrêt de financements américains auprès des organisations ayant des projets liés à l’avortement et plus largement au planning familial. Si ces subventions venaient à être supprimées, les conséquences pourraient être désastreuses pour de nombreux programmes et pour de nombreuses femmes.
Les conséquences sur les projets humanitaires et les ONG
La réduction de l’aide publique au développement risque d’entraîner des conséquences significatives. À titre d’exemple, en 2020, le gouvernement britannique avait décidé de diminuer de 30% cette aide, une décision qui a entraîné des répercussions lourdes. Selon les estimations du Financial Time à l’époque, une des conséquences de la coupe budgétaire notamment au Soudan du Sud, qui était de 38%, avait laissé 27.000 enfants souffrant de malnutrition sans traitements.
Cette réduction de l’aide ne se limite pas à des cas isolés. Elle a des effets globaux sur le renforcement des inégalités mondiales et la lutte contre la pauvreté. Les populations les plus vulnérables seront les premières touchées, et les efforts pour promouvoir la paix, la stabilité et le développement durable seront gravement compromis. La diminution de l’aide publique au développement entraînera des conséquences graves sur les populations et les ONG. En réduisant l’aide, les crises humanitaires, alimentaires et sanitaires risquent de s’aggraver dans les pays qui dépendent fortement de cette assistance. Les systèmes de santé, déjà vulnérables dans certains pays, pourraient se fragiliser davantage, car les financements se concentreront davantage sur les urgences immédiates plutôt que sur le développement à long terme.
Pour les populations, cela signifie un accès réduit aux soins de santé, à la nourriture et à l’eau potable, exacerbant ainsi la pauvreté et les inégalités. Les programmes de vaccination, de lutte contre les maladies infectieuses et de soutien nutritionnel pourraient être interrompus, mettant en danger la vie de millions de personnes.
Pour les ONG, la réduction de l’aide publique signifie moins de ressources pour mener à bien leurs missions. Elles devront faire face à des défis accrus pour financer leurs projets et répondre aux besoins croissants des populations vulnérables. Les ONG pourraient être contraintes de réduire leurs opérations, de licencier du personnel et de fermer des programmes essentiels, ce qui compromettrait leur capacité à fournir une aide vitale.
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