Parmi les clés du succès de la province sur le marché des technologies propres figurent les aides financières (Fonds pour les Emplois et les Investissements Stratégiques, fonds « Next Generation of Jobs », etc. ), mais aussi les incitations fiscales destinées aux technologies propres et, de manière plus générale, à la recherche et développement. Les forts partenariats établis entre les universités et les centres de recherches concourent également à dynamiser le secteur. L’exemple de l’Université Queens – qui collabore avec l’industrie afin de trouver des solutions technologiques pour la commercialisation des applications de piles à combustible – est révélateur de cette synergie productive. Enfin, de nombreux moyens sont mis en œuvre pour aider les entreprises innovantes à se développer dans ce secteur tant à travers la simplification des démarches administratives (deux étapes seulement pour créer une start-up), que dans la création d’infrastructures d’accompagnement (incubateurs et autres « bureaux de facilitation »).
Commerce International : Comment a été lancée l’actuelle politique de développement économique environnemental de l’Ontario ?
Brad Duguid : « Il y a un certain temps de cela, nous nous sommes positionnés de façon à devenir leaders en matière d’économie verte. Nous avons mis en place un programme pour encourager le développement de l’énergie éolienne et solaire, ainsi que la biomasse dans la Province. Cela a payé : le secteur a attiré plus de 20 milliards de dollars d’investissements, et aura à terme créé 50 000 emplois liés aux énergies propres, ce qui est fort appréciable en ces temps économiquement troublés. À la même époque, nous nous sommes engagés à mettre fin à l’utilisation du charbon dans notre système d’approvisionnement énergétique. Le charbon coûtait trois milliards de dollars par an à notre système de santé et affectait notre population. Notre Premier Ministre a donc pris cette initiative, sans doute la plus significative de toute l’Amérique du Nord en matière de changement climatique. Aujourd’hui, nous en sommes à 96 ou 97 % de notre objectif. D’ici 2014, le résultat voulu sera atteint, le charbon sera complètement remplacé par des sources d’énergies plus propres.
Ce que je trouve particulièrement dans cette expérience, c’est qu’alors qu’en temps normal l’activité économique se créée d’elle-même autour des opportunités naissantes, cette fois, c’est une politique d’État qui a conduit, avec succès, au développement d’un secteur entier. »
Quels sont les axes de développement que vous avez choisis ?
B.D. : « Nous nous sommes évidemment lancés dans le solaire et l’éolien. Mais il y a aussi d’autres secteurs sur lesquels nous avons misé, tels que celui des « smartgrids », ces réseaux qui permettent de faire circuler et d’utiliser l’électricité de façon plus intelligente grâce aux technologies modernes. Nous travaillons également sur le stockage de l’énergie, indispensable dès lors que l’on a affaire à des sources d’énergie intermittentes comme le solaire et l’éolien. »
L’avenir pour vous, ce sont donc les technologies propres ?
B.D. : « Pas seulement, mais il est certain que ce secteur a de l’avenir ! Dans le monde, les technologies vertes devraient représenter 3 000 milliards de dollars d’ici 2020 et 7 000 milliards d’ici 2030. C’est loin d’être négligeable. Je suis en tout cas persuadé que les entreprises et les territoires qui sont aujourd’hui en avance dans ce domaine vont se porter à merveille dans les années à venir. Il ne leur reste plus qu’à trouver les modèles économiques correspondant aux différents systèmes énergétiques qui vont prévaloir de par le monde, dans un futur proche. Et nous sommes fiers, en Ontario, de faire partie de cette avant-garde. »
Chiffres-clefs
En Ontario, le secteur des technologies propres affiche 8 milliards de dollars de revenus annuels et 1 milliard de recettes d’exportation.
À ce jour, la loi sur l’énergie verte a entraîné la création de 20 000 emplois.
La Province recense plus de 2 600 entreprises innovantes en matière d’environnement et 62 000 personnes hautement qualifiées travaillent dans le secteur.