Les actionnaires se rebellent en Grande-Bretagne

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D.R.
En pleine saison des assemblées générales, les actionnaires d’entreprises britanniques se sont élevés contre les rémunérations de leurs patrons.

En Grande-Bretagne, on appelle cela “le printemps des actionnaires”, en référence au “printemps arabe” de 2011. Car il s’agit bien d’une révolte, en bonne et due forme, que les patrons des principaux groupes britanniques, traditionnellement en délicatesse avec le public sur la question des bonus, ont dû essuyer ces dernières semaines. Si l’annonce des émoluments de Bob Diamond, directeur général de Barclays, n’avait pas fait de vagues en mars lors de la publication du rapport annuel, il n’en n’a pas été de même lors de l’assemblée générale de la banque britannique fin avril.

 

Un quart d’entre eux a en effet voté contre la politique de rémunération de la banque à l’égard de ses dirigeants. L’annonce par Barclays selon laquelle Bob Diamond renoncerait à la moitié de son bonus de 2,7 millions de livres au titre de sa performance 2011 quelques jours auparavant n’est donc pas parvenue à apaiser complètement les esprits. Pas plus que les excuses du président de Barclays, confus d’avoir mal communiqué sur la rémunération de son directeur général. L’histoire s’est répétée le 3 mai, à l’occasion de l’assemblée générale des actionnaires de l’assureur britannique Aviva. Par la voix de son président en charge de la rémunération, Scott Wheway, l’entreprise a également fait amende honorable en regrettant que le groupe n’ait pas communiqué plus étroitement avec les actionnaires.

 

Quelques jours auparavant, le directeur général, Andrew Moss, avait même annoncé renoncer à une hausse de salaire de 4,8% à compter du mois d’avril, ce qui aurait porté son salaire à 1,2 millions d’euros. La réponse des actionnaires a été sans nuance: 54% ont en effet rejeté le rapport sur les rémunérations. En cause: une stratégie floue de la part d’Andrew Moss depuis son arrivée à la tête de l’assureur en 2007 et un déclin inexorable du cours de l’action, en retrait de quelque 58% depuis 5 ans. Il a finalement annoncé sa démission mercredi 09 mai.

 

Ces cas ne sont pas isolés. À la même période, quatre autres entreprises britanniques essuyaient une rébellion de leurs actionnaires, parmi lesquelles l’entreprise IMI, Avocet Mining ou encore la société spécialisée dans les produits promotionnels 4imprint. Cette rébellion n’est d’ailleurs pas confinée aux frontières britanniques: 31% des actionnaires de Crédit Suisse ont voté contre le rapport de rémunération de ses dirigeants, tandis que le gérant britannique Hermes a déposé, fin avril, une motion de défiance à l’égard du conseil de surveillance de Deutsche Bank en vue de l’assemblée générale de la banque le 31 mai prochain. En cause: la banque germanique n’aurait pas donné la possibilité à ses actionnaires de voter sur le rapport de rémunération l’an dernier… Au Royaume-Uni, Vince Cable, secrétaire d’État au Commerce, a invité les actionnaires à poursuivre leur révolte et à se réapproprier leur entreprise. Le secrétaire d’État souhaiterait en effet qu’à l’avenir, le vote des actionnaires concernant les rémunérations des dirigeants devienne contraignant; il n’est que consultatif à l’heure actuelle.

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