Le logiciel libre se crédibilise dans tous les secteurs

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Indépendance technologique, interopérabilité, maîtrise des coûts des projets informatiques… Depuis quatre ans, le gouvernement brésilien mise sur le logiciel libre. « C’est un droit social », explique Corinto Meffe, responsable des innovations technologiques au ministère de la Planification qui a lancé un portail Internet, SoftwarePublico.gov.br, sur lequel des contributeurs bénévoles ont déposé une trentaine de logiciels à télécharger gratuitement. Ces derniers intéressent aussi bien les administrations publiques que les entreprises privées ou les citoyens.

 

Citons Cacic, un gestionnaire de parc informatique (matériels et logiciels) doté d’agents intelligents ; InVesalius, un logiciel avancé d’imagerie médicale (tomographie, IRM…) ; ou i-Educar, un système de gestion d’établissements scolaires et universitaires. 400 entités administratives sont ainsi équipées et 700 sites sont en cours de test. « Pour les auteurs, poster un logiciel libre, le voir accepter et publier donne une très grande visibilité dans notre pays qui est si grand. Cette reconnaissance est une forme d’intégration sociale et professionnelle », poursuit Corinto Meffe. Dans le cadre du réseau Free and Open Software Collaborative Network, le site Software-Publico.gov.br diffuse ses logiciels dans différents pays d’Amérique latine et des Caraïbes. Résultat : « Le logiciel libre devient une stratégie au niveau du gouvernement fédéral », confie Corinto Meffe.

 

Cette démarche inspire d’autres gouvernements, dont la France, le Royaume-Uni, les Pays-Bas et la Hongrie. Le mouvement le plus fort s’annonce aux États-Unis. Le président Barack Obama a ainsi nommé il y a un an le premier Federal Chief Information Officer (directeur fédéral des systèmes d’information), Vivek Kundra, précédemment DSI, directeur des systèmes d’information de la ville de Washington, où il a fait migrer 38 000 postes de Microsoft Office vers Google Apps. La feuille de route de Vivek Kundra est claire : économiser 30 milliards de dollars, soit 23 milliards d’euros, sur le budget informatique annuel de 76 milliards de dollars (58 milliards d’euros). Bien sûr, le logiciel propriétaire aura sa place, mais, déjà, le logiciel libre est invoqué pour bâtir le prochain système social de santé américain. Et, à l’instar du Brésil, le portail américain Apps.gov devrait fournir des applications informatiques à la demande.

 

Concernant les applications d’entreprises, le libre a fait tache d’huile depuis dix ans, tout d’abord dans la publication de sites Web. À cet égard, de grands noms du libre ont émergé comme eZ Publish du Suédois eZ Systems, Drupal soutenu par sa propre communauté ou, pour de plus petits projets, Joomla, au niveau des PGI (progiciels de gestion intégrés ; ERP : Enterprise Resource Planning) qui regroupent autour d’une base de données unique les fonctions vitales de l’entreprise (comptabilité, finance, gestion de production, gestion commerciale et gestion de la relation client). Les tenants multimilliardaires du PGI propriétaire, comme SAP, Oracle, Microsoft, Infor ou Sage doivent désormais compter avec les PGI libres comme l’historique Compiere (plus d’un million de téléchargements !), ERP5 (mis en place, entre autres, chez EADS Astrium et Sanef-Beteirflow), OpenBravo ou OpenERP. Tous sont disponibles sur le Cloud en mode locatif à la demande (SaaS : Software as a Service) sur Internet. « Sanef-Beteirflow gère le péage automatique du périphérique de Dublin en Irlande pour près de 500 000 usagers », précise Thierry Brettnacher, directeur général de Nexedi, l’éditeur d’ERP5 dont le CRM (Customer Relationship Management, en anglais ; GRC : gestion de la relation client) est utilisé 7 jours sur 7 par 250 opérateurs de centre d’appels. C’est l’une des plus grosses applications en libre dans le monde.

 

Autre avancée significative, voire stratégique, celle de l’informatique décisionnelle (BI : Business Intelligence en anglais), qui consiste à extraire les données des PGI, à les consolider pour les analyser, en faire un reporting, puis à les synthétiser sous forme de tableaux afin de prendre des décisions. Tous les leaders du secteur – hormis SAS Institute – ont été rachetés : Hyperion par Oracle, Business Objects par SAP, Cognos par IBM. « Les entreprises s’intéressent à présent au libre, car elles veulent à la fois faire des économies et être plus indépendantes vis-à-vis des grands fournisseurs propriétaires », analyse Renaud Finaz de Villaine, directeur marketing et communication de l’intégrateur Micropole-Univers. « Avec JasperSoft, SpagoBi et Pentaho, on a des alternatives crédibles. » Dans cette liste, Jedox de l’Allemand Palo trouve logiquement sa place.

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