Entretien avec Benjamin Biard, directeur de la distribution France et Hervé Picard, codirecteur de la gestion privée de Tocqueville Finance

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Commerce International : En matière de gestion privée, Tocqueville Finance revendique une gestion sur mesure et atypique… En quoi consiste cette approche ?

Benjamin Biard : « Nos clients disposent d’un interlocuteur unique, leur gérant de portefeuille, pivot de la relation, qui a un réel pouvoir de décision quant à sa gestion. Ce gérant dédié fait ses choix d’investissement – en concertation avec l’équipe de gestion – en s’appuyant sur une analyse microéconomique, l’ADN de la maison, et sur un scénario macroéconomique. De fait, il est capable d’expliquer et de justifier à ses clients ses opérations et c’est bien là une spécificité que nous revendiquons. Cette organisation permet avant tout une parfaite connaissance du client et une réelle souplesse avec des prestations sur mesure et uniques : chaque portefeuille a son historique et son antériorité. Certes, nous avons des profils de gestion comme la réglementation nous l’impose, mais nos clients ont des caractéristiques qui leur sont propres : certains ont des critères éthiques et souhaitent des investissements conformes à leurs valeurs, certains veulent investir sur des marchés émergents quand d’autres préfèrent rester plus défensifs. Dans ce cadre, il est d’ailleurs utile de rappeler que notre rémunération est basée sur un principe de commission de performance sur les profils discrétionnaires et dynamiques. Cette tarification séduit nos clients, puisque nous sommes directement associés à leurs performances. Avec une gestion privée qui se donne de vrais moyens pour personnaliser le suivi des portefeuilles et une tarification qui prend en compte les performances, nous avons construit des relations inscrites dans la durée auprès de nos clients et leur famille. »

Vous proposez également une gestion simple. Avez-vous redéfini votre offre après la crise des subprimes qui a pointé du doigt, entre autres, la sophistication de la finance ?

B. B. : « Non, car nous avons toujours défendu cette idée. Nous devons être en mesure de proposer des investissements en cohérence avec les attentes de nos clients, et surtout nous devons être capables de les expliquer. Inutile de proposer des investissements complexes et difficiles à justifier. Nous n’investissons que dans ce que nous comprenons, nous avons toujours été sur ce credo et c’est d’ailleurs grâce à cela que nous avons été épargnés par la crise engendrée après l’éclatement de la bulle Internet en 2001-2002. »

L’intervention de la Banque Postale dans votre capital peut-il réviser votre positionnement ?

Hervé Picard : « Absolument pas, car La Banque Postale respecte l’indépendance des équipes de gestion. Elle a en effet fait le choix de constituer une fédération de sociétés de gestion avec chacune leur personnalité. Ce modèle vise à cultiver les caractéristiques qui font le succès des sociétés de gestion : le talent des équipes, l’esprit entrepreneurial, les styles de gestion ou encore la marque commerciale. Rappelons d’ailleurs que les gérants de Tocqueville Finance, tout comme l’ensemble de ses collaborateurs, sont également actionnaires. Ce modèle que La Banque Postale a construit préserve ainsi les convictions de gestion de nos gérants et leur vision des marchés, et développe la créativité des directeurs de gestion. »

Beaucoup de sociétés de gestion d’investissement se targuent d’avoir une philosophie contrariante. Comment vous démarquez-vous ?

H. P. : « Nous sommes indépendants et contrariants. Indépendants dans la gestion et par rapport aux indices. Nos clients ne viennent pas chez nous pour “ surperformer ” le CAC 40. Notre principe de rémunération nous encourage à lisser nos performances. Nous visons ainsi la performance absolue et non la performance relative. Notre philosophie est ensuite contrariante sur les thématiques d’investissements et sur le choix des valeurs, et nous ne suivons pas les modes et les tendances. Notre approche des marchés financiers est plus proche de celle du Private Equity : nous investissons dans une société pour sa valeur fondamentale, c’est-à-dire sa marque, ses produits, ses parts de marché et surtout pour son management. Tocqueville Finance a été créée par des entrepreneurs et nous sommes donc très sensibles à la démarche entrepreneuriale des dirigeants des entreprises dans lesquelles nous investissons. »

Autrement dit, Vivendi plutôt qu’Apple ?

B. B. : « Apple, certes est en vogue, mais sa valorisation nous semble excessive aujourd’hui, car basée sur des revenus futurs largement anticipés et cela ne répond pas aux principes fondamentaux de notre processus d’investissement. A contrario, Vivendi subit actuellement une décote sur sa valeur d’actif et verse plus de 6 % de dividendes. Chez nous, la performance se fait à l’achat. »

Mais peut-on se permettre ce type de gestion sur un marché galopant ?

H. P. : « Notre gestion a justement du sens dans ce contexte. À vouloir trop courir, certains en ont oublié les fondamentaux et sont tombés dans l’excès. La plupart du temps, les investisseurs sont guidés par leur raisonnement macro-économique et leurs impulsions. Cela engendre beaucoup de volatilité, alors que notre démarche d’investisseurs de long terme cherche à éviter ces mouvements de yo-yo. Nous sommes par ailleurs spécialisés dans les valeurs moyennes, notamment du tissu industriel français, qui représente un vivier d’opportunités dans lequel nous dénichons de très belles entreprises. Elles sont souvent peu suivies par les analystes financiers et nous permettent d’obtenir de belles plus-values. »

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