La crise n’aura pas eu raison de l’exploitation minière de Yanacocha, bien au contraire. Alors que le prix de nombreux métaux comme le cuivre, le zinc ou le plomb se sont effondrés suite à la crise financière internationale, celui de l’or s’est envolé. En novembre, l’once de ce métal si précieux a même dépassé les 1 000 dollars (670 euros), contre 871 dollars (584 euros) en moyenne en 2008. « C’est une bonne année », confirme Carlos Galvez, le directeur financier de la société Buenaventura, qui détient 43,65 % des parts de Yanacocha. Selon lui, la production devrait avoisiner les deux millions d’onces, contre 1,8 million l’an passé. Les coûts de production ne devant pas beaucoup varier – en 2008, ils étaient de 358 dollars l’once, soit 240 euros –, les bénéfices de Yanacocha, qui ne seront connus qu’en 2010, devraient largement dépasser ceux de 2008. Selon Carlos Galvez, la compagnie minière est ainsi en « phase de récupération ». Contrôlée à 51,35 % par la société américaine Newmont Mining, Yanacocha avait atteint un pic de production en 2005 à 3,3 millions d’onces et enregistré des bénéfices record, avant de voir ses résultats baisser. Depuis deux ans, les chiffres sont cependant repartis à la hausse.
En 2008 déjà, la production avait augmenté de 16 % par rapport à 2007 et les bénéfices nets faisaient un bond de 115 %, atteignant les 476,5 millions de dollars, soit 319,3 millions d’euros. Avec un tiers de la production nationale, Yanacocha est un pilier de l’industrie aurifère du pays, qui s’affirme comme le 6e pays producteur de la planète et reste le plus grand producteur d’or d’Amérique latine. La compagnie, qui emploie de manière directe et indirecte quelque 10 000 personnes (dont 60 % de locaux), est aujourd’hui emblématique d’un secteur minier devenu un véritable pilier de l’économie péruvienne : en 2008, les exportations minières représentaient 59,2 % du total des exportations, tandis que la production minière assurait 5,2 % du produit intérieur brut. La richesse de son sous-sol fait du Pérou un pays minier par excellence. Troisième producteur mondial de cuivre, 4e de plomb, 2e de zinc, 17e de fer et 3e d’étain… Le pays est aussi le premier producteur au monde d’argent (18 % de la production mondiale), un métal dont le prix a lui aussi fortement augmenté depuis la crise. « Si l’on considère l’ensemble du secteur minier, cette année 2009 aura été bien meilleure que ce à quoi nous nous attendions », conclut Carlos Galvez, parlant au nom de la Société nationale des mines, du pétrole et de l’énergie. Témoin de la reprise dans le secteur, de nombreux projets d’exploration interrompus au Pérou en début d’année ont été réactivés.
Projet de responsabilité sociale
Construire des écoles, électrifier les villages, financer des cours de soutien… Yanacocha a mis en place « un programme qui cherche à établir une nouvelle forme de relation avec la population rurale à travers des plans de développement », assure l’entreprise dans son rapport annuel 2008. Entre 2007 et 2011, la compagnie investira 9 millions de dollars (6 millions d’euros) dans des centres de soins locaux et l’hôpital régional. Yanacocha tente ainsi une nouvelle réconciliation avec les villageois de Cajamarca, une région qui, malgré le succès de l’exploitation minière, reste l’une des plus pauvres du Pérou. Le divorce est cependant consommé depuis trop longtemps entre la compagnie et une partie des paysans locaux. Yanacocha paye notamment les erreurs qu’elle a commises à son arrivée dans la région dans les années 1990. Plusieurs cas de pollution des eaux ont aussi laissé un goût amer à une partie de la population. Yanacocha assure avoir changé de politique depuis les années 2000, mais les conflits sociaux restent récurrents dans la région. Selon le gouvernement, 132 conflits sociaux-environnementaux sont actuellement actifs au Pérou, desquels 68 % sont liés à l’activité minière. Pour améliorer les relations avec les villageois, les sociétés minières ont donc développé des projets de responsabilité sociale, visant à investir directement dans les communautés locales. Une prise de conscience tardive pour tenter de limiter des conflits qui coûtent souvent cher aux entreprises.