Est-ce la première étude que vous menez sur la filière nucléaire ?
Oui. Même si la filière nucléaire est très présente dans le Cotentin, nous avons mené cette étude en partenariat avec notamment Areva qui nous a aidé à identifier la liste des sous-traitants. On a envoyé les questionnaires à 270 entreprises du secteur du nucléaire. Sur les entreprises ayant pour cœur de filière le nucléaire, 90 % de celles qui emploient plus de 100 salariés ont répondu, tandis que 80 % de celles qui emploient plus de 10 salariés ont également renvoyé leurs réponses. Ces 111 questionnaires récoltés correspondent à 13000 emplois.
Cela signifie, que sur notre territoire, il y a environ un salarié sur trois qui est en lien direct avec le nucléaire dans son travail. Exploitation de filière nucléaire, recyclage combustible léger, médecine nucléaire ou adronthérapie sont visées notamment.
Comment avez-vous pu mesurer l’impact des grands chantiers nucléaires sur l’économie locale ?
Il suffit de recenser les installations sur le petit territoire du Cotentin : le site d’Areva de La Hague, les centrales nucléaires de Flamanville, le centre de stockage de L’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra)… Mais ce n’est pas tout, puisque sur le secteur nous produisons également des sous-marins !
Un chiffre est flagrant, celui de la hausse de la population entre 1962 et 2010. Alors que la moyenne française s’établit autour de 35%, on se situe entre 60 et 100% d’augmentation de la démographie sur la presqu’île. Et, très clairement, cette évolution est liée à un recrutement massif dans cette filière, sur les cantons d’Equerdreville-Enneville, Beaumont et Les Pieux.
L’avenir nucléaire semble parfois incertain à en croire certains politiques, comme François Hollande qui parlait dans ses promesses de réduire la part du nucléaire dans les énergies françaises… Doit-on s’inquiéter pour les lendemains du Cotentin ?
Au contraire. D’abord, 40% des entreprises interrogées prévoient une hausse de leur chiffre d’affaires dans années à venir. Si le nucléaire défraye la chronique, il est avant tout pourvoyeur d’emploi. Le démantèlement nucléaire de l’UP2 400 mobilisera 500 à 600 personnes sur 25 ans. On compte aussi de nouveaux projets, comme la mise en activité du nouveau réacteur EPR de Flamanville, le troisième, qui demandait encore une douzaine de millions d’heures au premier janvier 2013.
Puis, il reste à partir de 2016 le démantèlement des sous-marins, un long programme… Enfin, suite à la catastrophe de Fukushima, en 2015 débutera la remise aux normes et les travaux de sûreté, appelés le Grand Carenage censés prolonger la vie des centrale et leur sécurité. On parle de dix ans de travail par centrale… Autant dire qu’il y a des opportunités pour les metallurgistes, soudeurs et autres techniciens du nucléaire. Sans compter que ces mêmes personnes pourraient bien être aptes, ensuite, à développer l’éolien et l’hydrolien présent dans notre région également. Au total, on dénombre donc 3000 emplois touchant au nucléaire qui pourraient être créés dans les cinq ans à venir dans le Cotentin.