Commerce International : Dans quelles circonstances a été fondée BIA ?
Mohamed Younsi : « C’est sous l’impulsion du gouvernement français qu’a été créée en 1975 à Paris une banque dont la mission consistait à renforcer les relations économiques et financières entre la France, l’Algérie et la Libye. Cette décision intervenait un an seulement après l’exceptionnelle flambée des prix du pétrole ; la France cherchait ainsi à recycler les pétrodollars de 1973. Quant au marché algérien, c’était à l’époque un monopole d’État. Trois banques ont vu le jour : la banque BIA, UMB (aujourd’hui dissoute) et l’UBAF (Union des banques arabes et françaises). Très vite, la banque BIA s’est spécialisée dans les flux commerciaux entre la France, l’Algérie et la Libye. »
Quel est le statut légal de BIA ?
M. Y. : « La banque BIA est une banque de droit français, une société anonyme avec deux actionnaires – détenant chacun la moitié des parts – et soumise aux règles prudentielles bancaires françaises. La banque BIA, ainsi que l’ensemble de ses 87 collaborateurs, sont soumis aux règles fiscales françaises. Le capital de 158 100 000 euros est détenu à parité par deux banques d’État : la Banque extérieure d’Algérie et la Libyan Foreign Bank. Chacune d’elles est la première banque en matière de commerce extérieur dans leur pays respectif et dispose de moyens financiers importants, étant notamment en charge des transactions d’hydrocarbures vers les pays importateurs (Amérique du Nord, Asie et Europe). »
Comment a évolué BIA en trente-cinq années d’existence ?
M. Y. : « Les années 2000 ont consacré l’amorce d’une nouvelle stratégie commerciale élargie à l’ensemble de l’espace méditerranéen, ainsi qu’à l’Afrique subsaharienne. Par ailleurs, l’évolution législative algérienne en matière d’importation (loi de finances de 2009, ndlr) a eu un impact très positif sur le volume d’activité de la banque qui nous a conduit à augmenter significativement les effectifs sur les deux dernières années. La banque BIA est en effet le principal correspondant des banques algériennes avec la hausse des opérations liées aux crédits documentaires. Le volume constaté pour les banques algériennes sur les quatre premiers mois de 2010 a augmenté de 20 % au regard de la même période en 2009. »
Quels sont aujourd’hui les principaux métiers de la banque BIA ?
M. Y. : « Notre activité se scinde en deux grands volets. Le premier, que j’ai déjà évoqué, porte sur les opérations relatives au financement du commerce extérieur, dont l’activité principale est le crédit documentaire. Le second concerne la gestion d’actifs pour compte propre visant à améliorer la rentabilité des capitaux permanents et des liquidités importantes qui nous sont confiées, notamment par nos partenaires libyens. À l’heure actuelle, les crédits documentaires représentent 60 % de notre chiffre d’affaires annuel et les placements 40 %. »
La crise financière internationale n’a-t-elle pas diminué votre activité ?
M. Y. : « Comme tous les établissements de crédit, la banque BIA a subi les effets de la crise financière et a dû constater des dépréciations sur son portefeuille de placement. En revanche, sur ses activités traditionnelles de financement du commerce extérieur, la banque a continué à se développer et a presque triplé son volume d’activité sur les opérations documentaires. De plus, nous sommes une banque commerciale, pas une banque de marché, nous n’avons pas et ne comptons pas avoir d’activité trading. »
Quels sont les objectifs de BIA pour les années à venir ?
M. Y. : « La banque BIA affiche une position de leader sur son activité de crédits documentaires export auprès des banques publiques algériennes. Notre plan stratégique triennal pour 2008-2010 prévoit 20 % de croissance sur cette période, avec une progression de 36 % de la banque BIA. Notre développement passera par le renforcement des fonds propres de la banque et le développement de la banque BIA sur la place parisienne, qui demeure un point stratégique pour nos partenaires algériens et libyens. »