Pénalisé par un environnement économique dégradé, le commerce international a vécu une année 2011 morose. Les échanges internationaux ont progressé de 5% l’an dernier en accusant une forte décélération après le rebond de 13,8% enregistré en 2010, selon l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Plusieurs facteurs expliquent cette contre-performance: l’atonie de l’économie européenne plongée dans la crise de la dette, la hausse des prix de l’énergie (pétrole en tête), les révolutions dans le monde arabe et des catastrophes naturelles de grande ampleur. Pour autant, le tableau dépeint par l’OMC révèle quelques surprises. Contrairement aux apparences, les pays développés ont affiché en 2011 une augmentation supérieure aux attentes de leurs exportations (+4,7%), soutenue par États-Unis (+7,2%). Profitant de la faiblesse du dollar pour doper ses ventes à l’étranger, l’Amérique du Nord a compensé l’impact négatif de la récession japonaise liée au tsunami et à la catastrophe nucléaire de Fukushima.
En revanche, les résultats des pays émergents apparaissent décevants. Leurs ventes à l’international n’ont progressé que de 5,4% en dépit du bond de 16,1% des exportations indiennes et de la hausse de 9,2% des exportations chinoises. Les livraisons de la Corée du Sud, de Taïwan, de Singapour et de Hong Kong n’ont augmenté que de 6%. En outre, précise les économistes de l’OMC, les inondations en Thaïlande ont fait reculer de 8,5% les exportations de ce pays au 4e trimestre. En Afrique, le bilan est encore plus sombre. Les soulèvements du Printemps arabe et l’effondrement de 75% des exportations de pétrole de Libye durant les attaques occidentales ont entraîné une chute de 8,3% des exportations sur l’ensemble du continent. L’OMC, qui s’attendait à une décélération du commerce en 2011 après l’embellie de 2010, affiche sa prudence pour l’année en cours.
« Plus de trois années se sont écoulées depuis l’effondrement du commerce en 2008-2009, mais l’économie mondiale et le commerce restent fragiles. La poursuite du ralentissement des échanges attendue en 2012 montre que les risques de détérioration restent élevés. Nous ne sommes pas tirés d’affaire », a déclaré le directeur général de l’OMC, Pascal Lamy. De fait, les prévisions des économistes de l’institution ne prêtent guère à l’optimisme. L’année 2012 serait plus mauvaise encore que la précédente avec une croissance des échanges mondiaux de 3,7%, largement inférieure à la moyenne de long terme (1990-2008) de 6%. Pour 2013, l’OMC prédit une légère reprise du commerce international à 5,3% si la situation en zone euro se stabilise et si l’inflation des prix des matières premières reste contenue. Dans tous les cas, le volume du commerce mondial s’inscrira pour longtemps en deçà de son évolution d’avant la crise de 2008-2009. Selon l’institution, la donne se renversera quand les gouvernements, les entreprises et les ménages seront désendettés, autrement dit pas avant des années. Dans l’intervalle, le monde devra donc se résoudre à une longue période de stagnation du commerce mondial.