
Dans l’univers en pleine ébullition des matières premières, la place de Londres, avec ses marchés au comptant ou à terme (le London Metal Exchange, par exemple), représente assurément la première place de négoce en Europe. Ce que l’on ignore le plus souvent, c’est que Genève est de son côté « la » place européenne où sont financées ces opérations du commerce international des « commodities ». On estime ainsi que le chiffre d’affaires lié à cette activité genevoise représente entre 200 et 300 milliards de dollars par an et qu’elle emploie plus de 6 000 personnes. « Les transactions se concluent à Londres, mais se financent à Genève », résume Erwin Meyer, directeur général de la banque Rosbank Switzerland, spécialisée depuis 1995 dans le financement du commerce avec la Russie et les États de l’ex-bloc soviétique.
Dorénavant filiale de la Société générale devenue courant février son actionnaire majoritaire, Rosbank est avec ses 3 millions de clients, ses 16 000 collaborateurs et ses 600 agences la seconde banque de détail en Russie. Et quand il s’est agi de créer son unique filiale en Europe de l’Ouest, c’est tout naturellement vers Genève que cette banque s’est tournée en 1996. Il est vrai que la cité de Calvin finance, par exemple, 75 % des exportations de pétrole russe. Sur un marché dominé par dix grosses banques internationales (BNP Paribas, UBS, Crédit agricole Indosuez, Crédit Suisse, etc.) Rosbank Switzerland se distingue en s’intéressant principalement au financement des opérations de moyenne envergure, allant de 5 à 10 millions d’euros en général. Principales matières premières ou denrées concernées : l’acier – désormais coté au LME –, sur lequel la banque réalise 60 % de son chiffre d’affaires, les dérivés du pétrole – engrais, polypropylène, isoprène –, mais aussi à l’occasion certaines matières premières agricoles comme les oléagineux.
« Nous sommes de vrais spécialistes de l’import-export qui contrôlons de A à Z l’ensemble des opérations depuis le montage de l’opération jusqu’au transport et la livraison finale en passant par le suivi complet des documents, explique Jiri Vanhara, directeur des opérations. À chaque fois, nous voulons connaître l’acheteur, le vendeur et le transporteur. » Les atouts de la banque pour réaliser ce type de financement : sa réactivité, sa totale liberté d’action, sa bonne connaissance des marchés russes et de l’ex-CEI, et donc sa capacité à apprécier les risques. Ces atouts en ont fait un acteur significatif de la place de Genève aux côtés des plus grosses banques et des maisons de négoce les plus connues : Louis Dreyfus, Cargill par exemple. Ce sérieux et cette reconnaissance permettent même à Rosbank Switzerland d’être le partenaire occasionnel des plus grosses sociétés russes qui choisissent d’effectuer des opérations à l’étranger. La législation russe ne leur permettant pas, pour l’instant, d’avoir la liberté d’action pour le faire, Rosbank agit ainsi en tant qu’intermédiaire des Lukoil (pétrole), Serverstal (acier) ou Rual (aluminium), qui ont de plus en plus pignon sur rue à Genève et aux abords du lac Léman.