Remplacer General Motors, au plus tard en 2018, sur le podium du premier constructeur automobile mondial: c’est le dessein du groupe allemand Volkswagen. Il doit pour cela fabriquer “10 millions de véhicules par an dans un avenir proche”, a déclaré Martin Winterkorn, président du directoire de Volkswagen début mars, lors de la présentation des résultats 2011. Une étape que le fabricant allemand détenteur des marques VW, Audi, Seat, Skoda, Bentley, Lamborghini, Scania et MAN, ne pourra franchir qu’au prix de nouveaux investissements en main-d’œuvre qualifiée. À grand renfort de recrutement, les effectifs globaux actuels de 502 000 personnes (275 000 à l’étranger, 225 000 en Allemagne) sont appelés à gonfler à 550 000 d’ici 2016.
“Nous créerons 4000 à 5000 postes en Allemagne”, promet Horst Neumann, DRH du groupe. Il reconnaît cependant que l’accent sera mis sur l’international, et que la part actuelle des effectifs étrangers passera de 55% à 57%. Sur les sites étrangers, près de 45000 emplois sont prévus dans les quatre prochaines années, alors que déjà 17 000 nouveaux postes (dont 6000 en Chine) ont vu le jour en 2011. Volkswagen, qui a intégré 75 000 personnes suite au rachat du constructeur de poids lourds, MAN, et de la holding de Porsche à Salzbourg, vient de créer 11000 emplois sur ses terres. Cela lui vaut d’autant plus le satisfecit des syndicats que le constructeur a parallèlement embauché 3300 intérimaires, 3500 apprentis et 10 000 jeunes diplômés. “Volkswagen a anticipé sur notre revendication actuelle, qui consiste à embaucher les apprentis en CDI”, souligne Uwe Stoffregen, responsable du secteur automobile auprès du syndicat IG Metall en Basse-Saxe, le fief de Volkswagen. Le tout puissant de la métallurgie n’en maintient pas moins sa revendication de hausse salariale de 6,5% pour les sites du groupe en Allemagne, comme pour l’ensemble de la branche automobile.
Si elles sont fortement décriées par les syndicats patronaux (cela fait partie du jeu des négociations), ces revendications salariales s’inscrivent cependant dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre. “Nous recherchons des jeunes pour la relève et MAN embauche également”, confirme un porte-parole de Volkswagen. Le groupe a d’ailleurs pour souci de “soigner” ses salariés. Car si Martin Winterkorn a vu son salaire doubler en 2011, à 17,4 millions d’euros, ses employés ne sont pas en reste. Alors que le groupe Daimler n’a distribué que 4100 euros de prime, les quelque 90 000 salariés de VW viennent de toucher une prime de 7500 euros (ceux d’Audi: 8250 euros), au titre d’une année 2011 exceptionnelle. Pour mémoire, 8,5 millions de véhicules ont été vendus et le bénéfice a été multiplié par deux, à 16 milliards d’euros.