«Notre gouvernement fédéral a largement contribué à empoisonner nos relations avec les États-Unis. Elles n’ont jamais été aussi mauvaises . » Darcy Rezac, le directeur général du Board of Trade de Vancouver, ne cache pas son amertume. Le refus du Canada de soutenir les États-Unis en Irak et les insultes anti-américaines proférées à cette occasion par plusieurs politiciens canadiens, ont effectivement brouillé les rapports entre les deux pays. En réponse, la chambre a sans hésiter pris position publiquement pour souligner aux instances américaines que « la plupart des Canadiens restent très attachés aux liens qui nous réunissent ».
« Nos échanges commerciaux avec les États-Unis représentent un grand pourcentage de notre économie, s’explique Darcy Rezac. Ils peuvent vivre sans nous, mais nous ne pouvons pas vivre sans eux. » Près de 85 % des exportations canadiennes sont destinées au marché américain. La politique d’apaisement de la Chambre de Vancouver n’a donc rien de surprenante. Elle reste cependant une des plus actives du pays.
Des Jeux pour booster la croissance
Membre invité du prestigieux Forum économique mondial de Davos depuis 1989, le Board of Trade de Vancouver possède un carnet d’adresses particulièrement fourni, comme en témoignent les intervenants d’envergure à ses nombreuses conférences (Kim Young Sam, président de Corée du Sud, Goh Chok Tong, Premier ministre de Singapour, Ernesto Zedillo, président du Mexique…). Un des rendez-vous attendus cet été est la venue de Naoki Tanaka, éminent économiste et conseiller du Premier ministre japonais Koizumi. Le programme de conférences, séminaires et autres occasions « d’interaction » mis en place est particulièrement dense. Pas question en effet de se cantonner aux services « habituels » d’une telle organisation. Si le CIO (Comité international olympique) décide, début juillet, d’attribuer les Jeux d’hiver 2010 à Vancouver, le calendrier déjà rempli du Board of Trade risque d’exploser. « Nous multiplierons alors les événements afin d’explorer tous les aspects des Jeux et exposer tout ce qu’ils pourront apporter à la région et au pays. Et nous assisterons intensivement nos membres pour qu’ils puissent prendre leur part du gâteau. » Le cadre pour œuvrer a déjà été créé par la Chambre, il y a plus d’un an : « L’Esprit de Vancouver » (The Spirit of Vancouver). Mise sur pied pour « ranimer le sens de fierté et d’esprit de la communauté » de la ville, cette initiative s’est révélée être un succès. Nul doute que sa portée sera encore accentuée si Vancouver obtient l’attribution des Jeux.
Pour l’économie de la région aussi, les J.O. seraient une aubaine. La Colombie-Britannique est dernière de la classe des provinces en ce qui concerne la croissance. En 2003, celle-ci ne devrait pas dépasser les 1,8 % de l’an dernier. Une des principales raisons : les querelles persistantes avec les États-Unis autour du bois d’œuvre résineux qui ne risquent pas de se résoudre dans le climat actuel. « Et ce n’est pas non plus la peine que nos membres aillent chercher des opportunités en Irak… », remarque-t-on sèchement à la Chambre.