Pour Didier Laporte, Président de la CCI Pau-Béarn, le numérique est l’axe prioritaire de son mandat à la tête de l’institution départementale. Voici son analyse sur la transformation digitale pour les entreprises de la région pyrénéenne.
Comment portez-vous le message de la transformation numérique auprès de vos adhérents ?
Didier Laporte : Nous sortons de la phase d’installation de la Chambre. Nous avons mis en place des groupes de travail pour voir comment on passe du programme électoral à l’opérationnel. Parmi nos grands axes, le premier est d’assurer la transition numérique de nos ressortissants. Sur la mandature, nous avons prévu d’accompagner 5 000 entrepreneurs, ce qui correspond environ à la moitié de nos clients-ressortissants. Cela fait 1 000 par an.
Parallèlement, face aux dangers comme les cyberattaques, nous prévoyons d’accompagner les entreprises et menons aujourd’hui un certain nombre de procédures, de formations, de diagnostics qui ont vocation à permettre de se prémunir de la cybercriminalité. On envisage sur la durée de la mandature d’accompagner 2 000 personnes. Et enfin, c’est une mission que nous a confiée le Conseil régional, nous accompagnerons pour près de 10 millions d’euros d’investissement sur le numérique durant la mandature. C’est bien un axe fort sur lequel nous voulons mettre l’accent.
Vous parlez de 5 000 entrepreneurs. Comment cela va se passer ?
D.L. : Par différentes phases. D’abord, mieux faire connaître les services de la CCI auprès des entreprises mais aussi des collectivités locales. C’est un peu le rôle des rencontres de territoire que nous avons commencées, la première étant à Nay. Nous les axons sur deux volets : la transition numérique et l’attractivité du territoire. Lors de ce premier contact, l’idée est de faire une présentation assez large des missions de la CCI. À partir de là, nous ferons un diagnostic des usages numériques, territoire par territoire. C’est comme cela que nous irons à la rencontre des entrepreneurs, afin de réaliser de plus en plus d’accompagnements, de diagnostics… Nous devons réinvestir notre territoire.
Sentez-vous les chefs d’entreprise réceptifs face à ce défi ?
D.L. : Certains sont encore éloignés culturellement, et d’autres structurellement. Culturellement parce qu’ils n’ont pas mesuré les enjeux que représente le numérique. Et nous devons en faire la promotion. C’est par exemple dommage que les commerçants n’en voient pas toujours l’intérêt. Deux tiers n’ont toujours pas de système d’e-commerce. Nous devons les aider à développer cela. Si on veut suivre l’évolution des comportements d’achat, le commerce de centre-ville devra savoir s’adapter. Mais certains en sont encore bien trop loin. Structurellement, certains en sont éloignés car nous avons de grosses défaillances dans les infrastructures numériques. Heureusement, le Département va déployer un réseau. Aujourd’hui, il est inconcevable que les entreprises soient mal, voire pas connectées. Il ne suffit pas de faire le pas culturel, encore faut-il avoir les moyens de le faire.
C’est aussi lié à la taille des entreprises ?
D.L. : Pour moi non. Car vous pouvez avoir des gens très innovants, très performants, avec une culture numérique forte dans de toutes petites entreprises. Et d’autres, dans des sociétés plus importantes, qui ont gardé des procédures plus traditionnelles et sont très éloignés de cette culture numérique.
Le numérique, c’est aussi les start-up, la création d’emplois. La stratégie en Béarn est-elle suffisante ?
D.L. : En tout cas, elle a le mérite d’exister comme à Pau avec Hélioparc. Je rappelle que la CCI est actionnaire de la SEM à hauteur de 10 % et que nous travaillons main dans la main puisque nous avons quasiment deux équivalents temps complet en permanence en accompagnement. Nous avançons aussi sur l’incubation, puisque l’EntrePau, au sein duquel l’ESC est très impliquée, vient d’être inauguré.
Faut-il relancer un projet de labellisation French Tech auquel l’Agglo paloise a renoncé, alors que la Bigorre et la Côte basque l’ont obtenu ?
D.L. : Cela ne peut se faire que s’il y a une convergence de moyens et d’intérêts. Mais ce serait utile de le faire. L’UPPA a été labellisée, nous à l’ESC, nous travaillons au renouvellement de notre grade master et de nos accréditations. Un label French Tech serait utile, mais ce doit être une démarche collective. Et s’inscrire avec le Pays de Béarn. Nous devons jouer groupé. Tout le monde doit se mettre autour de cette idée fédératrice qu’est le Pays de Béarn, et la CCI doit jouer son rôle d’animateur. Car nous sommes l’interface, reconnue, entre monde politique et économique. Car derrière, il y a toute une dimension d’attractivité du territoire.
Source: La Rép des Pyrénées