C’est devenu un cliché. Il n’empêche que, pour beaucoup, Toronto demeure la ville où l’on dit « Thank God, it’s Monday » (Dieu merci, on est lundi). La capitale de l’Ontario reste avant toute chose le centre financier du Canada, un endroit fait pour travailler, certainement pas pour s’amuser. Une ville où le grand magasin Eaton allait jusqu’à tirer les rideaux le dimanche pour empêcher les gens de faire du lèche-vitrines… Certes, il s’agit là d’un temps révolu, mais Toronto traîne encore son image un peu tristounette. Malgré sa population multiethnique, malgré la création d’un semblant de vie nocturne dans le centre et malgré les efforts pour rendre les monuments historiques plus attrayants, les touristes continuent à bouder cette destination et même les entreprises de services financiers, plutôt adeptes de ce style, commencent à préférer New York.
La Chambre de commerce de Toronto, qui définit ses priorités en s’appuyant sur une enquête annuelle effectuée auprès de ses 9 000 membres, œuvre donc tout naturellement dans le sens d’une « ville meilleure ». Pour 2003, quatre grands axes se sont dégagés : redonner vie aux quais, renforcer le réseau des transports, améliorer l’image de la ville et, enfin, trouver des solutions pour une gestion fiscale plus saine. La rénovation des quais se trouve sur l’agenda depuis plusieurs années déjà sans que rien de bien concret ait encore vu le jour. « C’est absolument crucial pour l’avenir de Toronto, souligne Elyse Allan, la présidente de la Chambre. Toutes les instances impliquées sont d’accord, mais l’allure à laquelle nous avançons dans ce dossier est exceptionnellement lente. Le réaménagement des quais offrirait de nombreux avantages, comme des emplois, des logements supplémentaires et des nouvelles attractions touristiques. »
SRAS : lourdes conséquences économiques
En ce qui concerne l’image de Toronto, la Chambre pense que son amélioration passe par le « nettoyage de la ville ». « Dans notre enquête, 60 % de nos membres disent que la ville est moins bien entretenue qu’il y a cinq ans, explique Elyse Allan. Le souci majeur de l’économie de Toronto durant ces prochains mois pourrait cependant bien se situer ailleurs. Selon le Conference Board du Canada, Toronto devait être l’une des régions métropolitaines les plus performantes du Canada en 2003 et à moyen terme, avec une croissance située autour de 3,7 %. C’était avant l’éclosion du Syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS). La région de Toronto ayant été plus touchée par le virus qu’aucune autre en dehors de l’Asie, les prévisions ont été revues à la baisse. Le SRAS aura un impact énorme sur les secteurs du tourisme, du transport et de la vente au détail dans la région. Selon le Conference Board, le virus entraînera une réduction du PIB réel d’au moins 1 milliard de dollars en 2003 (dans une économie de 200 milliards).
Conscient des enjeux, la Chambre a rapidement instauré un service d’information continue sur l’évolution de la situation. Des campagnes médiatiques ont été menées au Canada et à l’étranger dans le but de « regagner la confiance » des partenaires commerciaux. Comme l’explique Elyse Allan : « Le plus important aujourd’hui, c’est d’assurer la continuité des activités de nos entreprises, tout en les accompagnant dans les mesures de prévention. Toronto doit à tout prix demeurer un endroit agréable pour travailler… »