Royaume-Uni: les milieux d’affaires accueillent avec fraîcheur le projet de référendum

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Les entreprises restent divisées sur l’hypothèse d’une sortie du Royaume-Uni, certaines craignant des retombées négatives sur leurs opérations.

 

À maintes reprises repoussé, le discours du premier ministre Britannique David Cameron sur l’Europe a finalement eu lieu le 23 janvier dernier.  Dans son discours, le premier ministre a ouvert la voie à l’organisation, après les élections générales de 2015, mais pas plus tard que  2017, d’un référendum sur le maintien du Royaume-Uni dans une Union européenne où le pays entend au préalable renégocier sa place.  Si le parti conservateur a applaudi cette nouvelle direction, les autres partis politiques britanniques se sont montrés beaucoup plus prudents, signalant que l’incertitude  pesant sur la place du Royaume-Uni dans l’Europe des 27 pouvait dissuader les entreprises d’investir. 

 

Source: Euractiv

 

Sur la scène internationale, cette allocution a été  accueillie avec le plus grand scepticisme, en particulier par  l’Allemagne et la France. Du côté allemand,  la chancelière Angela Merkel a ainsi souligné qu’on « doit garder à l’esprit que d’autres pays ont aussi leurs propres souhaits et qu’il faut donc trouver des compromis». 

Plus ferme, le président français François Hollande a déclaré qu’ «il n’est pas possible de négocier l’Europe. Elle doit se prendre telle qu’elle est ».   Les deux pays n’ont pas pour autant fermé la porte de l’Europe à la Grande-Bretagne, conscients de la montée en puissance de l’euroscepticisme  à l’intérieur des frontières britanniques et en particulier dans la frange la plus conservatrice du parti de David Cameron.  Celui-ci a néanmoins tenu à réaffirmer son attachement à l’Europe. A l’occasion d’une allocution durant le 43e forum économique mondial de Davos, le 24 janvier, le premier ministre  s’est efforcé de rassurer  en indiquant que la  Grande-Bretagne ne voulait pas  tourner le dos à l’Europe : « bien au contraire. Il s’agit de savoir comment parvenir à une Europe plus compétitive, plus ouverte et plus flexible et assurer la place du Royaume-Uni  en son sein ».

 

La perspective du référendum a cependant d’ores et déjà divisé les entreprises britanniques. L’organisme en charge des chambres de commerce (BCC), ainsi que l’Institute of Directors (IoD), ont assuré de leur soutien le premier ministre sur la question du référendum.  Dans une lettre au quotidien The Times, 56 patrons d’entreprises et en particulier  Xavier Rolet, directeur général du marché boursier londonien (London Stock Exchange) et le directeur général de la banque Standard Chartered, Sir John Peace, ont également soutenu la décision du premier ministre : « C’est le moment de pousser pour une Union européenne plus flexible plus compétitive qui générera des emplois et de la croissance pour tous les états-membres » ont-ils écrit dans leur lettre ouverte, « cela signifie finaliser le marché unique et se débarrasser de la bureaucratie ».

 

D’autres dirigeants se sont montrés beaucoup plus sceptiques sur les bénéfices d’une sortie possible du Royaume-Uni de l’Union européenne. Selon Martin Sorrell, directeur général  du groupe publicitaire WPP, cette décision ne fait qu’ajouter « une raison supplémentaire pour que les gens repoussent les décisions d’investissement». Même son de cloche au sein de l’organisme en charge des industries de production britanniques (EEF) : « si la porte de sortie de l’union est ouverte, cela diminuera notre capacité à influencer  les réformes dont a besoin l’Europe » a ainsi souligné Terry Scuoler, directeur général de l’association.  Le quartier des affaires de la City a également émis quelques réserves sur ce projet : «  l’incertitude des relations  du Royaume-Uni avec l’Europe pourrait rendre le Royaume-Uni moins attractif en tant que centre international », signalait ainsi au Financial Times Mark Boleat, président en charge des réglementations au sein de City of London Corporation, une association qui représente les intérêts de la City.  

Les observateurs se sont également montrés étonnés de la rareté des détails sur la question des pouvoirs européens à rapatrier en sol domestique. David Cameron s’est toujours montré contrarié  par la question du droit  du travail et du droit social en général. Nul doute que ces questions seront au centre des nouvelles négociations avec l’UE. 

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