Pour répondre aux enjeux démographiques et à des déficits qui menacent sa pérennité (32,3 milliards d’euros en 2010, 45 milliards d’euros en 2020), l’âge légal de départ à la retraite, fixé aujourd’hui en France à 60 ans, sera progressivement porté à 62 ans en 2018 pour les salariés des secteurs publics et privés. Malgré ces évolutions, qui visent à permettre au régime par répartition de perdurer, les craintes d’une perte de revenus au moment du départ à la retraite semblent de plus en plus justifiées, ce qui pousse nombre d’actifs à souscrire une complémentaire retraite facultative visant à leur garantir un revenu complémentaire.
Les fonctionnaires pas si privilégiés…
Alors que, dans le régime général, les salariés ne touchent que 60 % du salaire moyen des 25 meilleures années, les salariés du secteur public partent à la retraite avec 75 % de leur dernier traitement indiciaire. De ce fait, les fonctionnaires sont souvent considérés comme privilégiés par rapport aux salariés du privé. Néanmoins, ce traitement indiciaire ne tient pas compte des primes, indemnités et heures supplémentaires, qui peuvent dépasser 50 % de la rémunération. « En moyenne, un fonctionnaire part à la retraite avec seulement 66 % de son dernier salaire », observe ainsi Christian Carrega, directeur général de Préfon. Pour en tenir compte, le législateur a décidé, lors de la réforme des retraites de 2003, de créer un régime obligatoire de retraite additionnelle fonctionnant par points destiné aux fonctionnaires : la retraite additionnelle de la fonction publique (RAFP). S’il constitue une amélioration dans la prise en compte des rémunérations accessoires, la part des primes prises en compte ne peut dépasser 20 % du revenu…
Afin de compenser la perte de revenus prévisible à l’arrivée en retraite, les fonctionnaires ont la possibilité de se constituer une retraite par capitalisation. Les fonctionnaires peuvent souscrire des produits d’épargne-retraite qui leur sont dédiés comme Préfon-Retraite, Corem ou CRH (complémentaire retraite des hospitaliers). Préfon, qui compte 370 000 affiliés, a été créé en 1964. Il s’agit d’un système d’épargne-retraite par points donnant droit à une rente viagère et éventuellement à 20 % du montant de la rente en capital au moment du départ en retraite. Proposant une solution approchante, l’UMR – membre de la Mutualité française –, avec son produit Corem (anciennement CREF), compte aujourd’hui 314 000 adhérents. Il s’agit de l’unique système de retraite complémentaire mutualiste. « 100 % des produits financiers profitent aux adhérents », assure Romain Rouquette, secrétaire général de l’UMR. Corem est porteur des valeurs mutualistes qui se retrouvent à travers le fonds social réunissant chaque année une commission d’action sociale qui accorde des aides exceptionnelles à certains adhérents et peut en particulier distribuer des points de retraite gratuits aux personnes en grande difficulté.
Des avantages pour l’avenir… et le présent
« Avec la crise des marchés financiers, les Français se tournent vers des placements moins rémunérateurs, mais plus sûrs, comme Corem », remarque Romain Rouquette. Fort de son succès, Corem attire 10 à 15 % d’adhérents par an tandis que le nombre de nouveaux affiliés à Préfon a progressé de 72 % en 2010. Mais ce sont aussi les avantages fiscaux de ces placements qui attirent. Ainsi, toutes les cotisations sont déductibles du revenu net imposable dans la limite de 10 % des revenus professionnels pendant la période de cotisation. Et il est possible d’effectuer des versements exceptionnels pour racheter tout ou partie des années antérieures à l’adhésion. En outre, pour les personnes affiliées au régime avant le 1er janvier 2005, ce rachat est assorti d’un bonus fiscal supplémentaire : les sommes versées pour racheter ces années sont intégralement déductibles du revenu imposable dans la limite de deux années rachetées. Destinés à épargner pour la retraite, ces produits sont donc avant tout des placements financiers qui attirent essentiellement les cadres de plus en plus jeunes, puisqu’il n’est plus rare désormais de souscrire à ce type de produits dès 35 ans.