Le gouvernement espagnol n’a pas apprécié la mesure prise il y a une semaine par la présidente argentine d’exproprier Repsol de la compagnie pétrolière YPF. En déclarant le secteur des hydrocarbures d’ »intérêt public national », Cristina Fernandez de Kirchner a annoncé, lundi 16 avril, la décision de son gouvernement de reprendre le contrôle d’YPF, jusque-là contrôlée à 57,4% par le géant espagnol Repsol. L’État argentin et les provinces détiendront désormais 51% de la pétrolière. Trois jours plus tard, la mesure d’expropriation s’étendait à YPF Gaz, aussi détenue par Repsol. Pour la présidente argentine, il ne s’agit pas d’une nationalisation, mais d’une « récupération ». « La compagnie continuera à fonctionner comme une société anonyme avec des directeurs professionnels », a assuré Cristina Kirchner, qui accuse YPF-Repsol de ne pas avoir assez investi dans le pays au cours des dernières années. Un pays dont les importations en hydrocarbures ont augmenté de 110% en 2011 (7 milliards d’euros).
« C’est une décision injuste (…) et négative pour tous », a sanctionné le chef du gouvernement espagnol Mariano Rajoy, qui n’a pas caché son « profond malaise ». Cette mesure « rompt la bonne entente qui a toujours existé entre les deux pays », a-t-il ajouté après avoir estimé que l’entreprise avait été expropriée « sans aucune justification ». À ce jour, Repsol est l’entreprise espagnole la plus importante sur le territoire « gaucho ». L’Espagne est le pays qui investit le plus en Argentine et constitue le cinquième destinataire des exportations argentines (3 milliards de dollars en 2011). Côté espagnol, les représailles n’ont donc pas tardé. Vendredi, le gouvernement a indiqué que Madrid limitera désormais l’importation de biodiesel argentin et privilégiera la production des usines de raffinage de biocarburants situées sur le territoire espagnol ou de l’Union européenne. En 2011, l’Espagne a importé plus de 700 millions d’euros de biocarburants en provenance d’Argentine.
La mesure n’a pas effrayé la présidente argentine. « Si le gouvernement espagnol veut payer plus cher, c’est une décision souveraine », a-t-elle déclaré, assurant qu’elle ne ferait aucune démarche auprès de l’Organisation mondiale du Commerce (OMC) pour se plaindre de la décision espagnole. « Nous sommes des gens très respectueux de la souveraineté des pays et, pour cette même raison, très jaloux de notre propre souveraineté et de nos décisions », a ajouté le chef de l’État, dont l’attitude semble plaire à ses concitoyens. Selon un sondage réalisé par une agence de renom, publié dimanche dans le journal argentin La Nacion, 62% des Argentins soutiendraient la mesure prise à l’encontre du géant espagnol, alors que 31% y seraient opposés. Toutefois, l’affaire ne fait que commencer. Dimanche 22 avril, l’Espagne a fait savoir par voie de presse qu’elle prendrait d’autres mesures contre l’Argentine. Le parlement européen a de son côté approuvé, vendredi 20 avril, une résolution dans laquelle il « déplore » la décision « unilatérale et arbitraire » de Cristina Kirchner. « Les autorités argentines doivent renouer avec le dialogue et la négociation », affirme le texte de la résolution, qui avertit des conséquences négatives que pourrait subir l’Argentine au sein de la communauté internationale, si elle persistait dans la voie de l’expropriation.