Et si la mauvaise tenue des marchés financiers depuis l’été dernier était l’occasion d’une remise à zéro des pendules. En effet, quand le marché connaît des taux de croissance soutenus, il n’est pas très difficile d’y gagner de l’argent. Il suffit de prendre la vague et de se laisser porter. Plus délicate est la phase actuelle où, plus encore que les mauvais résultats, c’est l’incertitude qui pèse. Pas de quoi affoler Valérie Cazaban, présidente de Stratège Finance, une société de gestion privée indépendante qu’elle a fondée en 1996. « Nous avions anticipé la chute des valeurs en 2007 et avions pris des décisions de gestion pour préserver les intérêts de nos clients. Le cœur de notre métier est de mettre leurs disponibilités à l’abri des variations conjoncturelles », précise-t-elle.
Au-delà des mots, les chiffres sont là pour étayer son propos : + 40 % sur les trois dernières années et une baisse maîtrisée depuis le début de 2008 en dépit des soubresauts qui ont secoué les places financières internationales. Des résultats qui sont dûs avant tout à un style de gestion prudent et reposant sur une analyse des fondamentaux. « Ce qui fait la valeur, c’est toujours la rareté », confie la présidente. « Il y a – au moins – deux moyens d’aborder les marchés, poursuit Valérie Cazaban. La première consiste à choisir d’investir sur telle ou telle valeur parce qu’on considère qu’elle est sous-évaluée. » Il s’agit de « stock-picking », mais ce n’est pas l’approche qu’elle a développée, au contraire. Elle insiste en permanence sur l’importance des déterminants macroéconomiques et sur l’analyse des variables fondamentales avant de décider d’un investissement. « Nous avons investi sur les marchés émergents lorsque la période était propice. Aujourd’hui, l’interconnexion des économies les rend plus fragiles. »
Stratège Finance peut investir sur tous les marchés réglementés : actions, obligations, mais aussi matières premières ou devises. Pas de produits dérivés – ceux qui ont défrayé la chronique au début de cette année et transformé un trader en vedette du 20 heures. Une prudence qui s’explique : « Nous n’avons pas d’actionnaires qui pourraient nous renflouer à la première difficulté. Pour préserver notre indépendance, nous devons être prudents et performants », résume Valérie Cazaban. L’indépendance, c’est aussi pour le client final l’assurance qu’on ne va pas essayer de lui revendre des produits maison… Au-delà des résultats, Stratège Finance a développé un service sur mesure. Cela passe d’abord par la qualité de la relation avec l’ensemble de l’équipe. « Nos clients doivent pouvoir avoir un lien direct avec les gestionnaires, précise Valérie Cazaban. La personne qui nous confie la gestion de ses fonds doit pouvoir contacter son gérant quand elle le désire. »
De plus, chaque opération est notifiée par courrier, un relevé mensuel de portefeuille est adressé et les clients reçoivent tous les trimestres un rapport de gestion faisant le point et ouvrant des perspectives pour la gestion à venir. « Nous œuvrons conformément à ce que nous avons convenu avec le client quand il nous a confié ses disponibilités », rappelle la présidente. Un des atouts de l’équipe est sa grande stabilité, qu’il faut comparer au turn-over que connaissent certaines institutions financières. Cette fidélité est d’autant plus importante qu’il peut se développer entre l’investisseur et la société de gestion bien plus qu’une relation financière. Les gérants sont aussi bien sollicités pour la déclaration de revenus que pour des problèmes de succession. C’est cette relation de confiance qui fidélise la clientèle depuis la création de Stratège Finance. Une satisfaction qui conduit les clients à en parler à leur entourage. Pour faire face, et en dépit du contexte actuel, Valérie Cazaban procède à de nouveaux recrutements. Une croissance qui ne la fera pas renoncer à ce qui a permis à Stratège Finance de se développer : « La confiance se mérite, elle ne se décrète pas. Ce qui la fait durer, ce sont les résultats. »