“Au moins une femme dans la sélection ultime.” C’est ce que les grandes entreprises allemandes exigent aujourd’hui de Christine Stimpel, directrice en Allemagne du cabinet Heidrick & Struggles et présidente en Allemagne de l’AESC (Association of Executive Search Consultants). “La pression ne provient pas tant de la discussion publique actuelle que de la volonté propre des industries. Elles veulent absolument relever le défi et introduire davantage de femmes dans leur management supérieur”, note-t-elle. Elle affirme que “la demande se fait encore plus pressante lorsqu’il s’agit des fauteuils des conseils de surveillance. Il s’agit souvent dans ces cas de trouver exclusivement un candidat féminin”.
De manière générale, ces exigences concernent toutes les branches à l’exception de certains secteurs comme l’automobile ou le secteur énergétique qui demeurent des chasses gardées masculines. D’ailleurs, il est de plus en plus courant comme le précise Christine Stimpel que “la présentation de femmes dans la sélection finale soit stipulée au contrat entre l’entreprise et le cabinet de recrutement”.
Une révolution, tant l’Allemagne est encore à la traine en matière d’égalité des sexes. Comme l’a révélé début mars une étude de l’OCDE, les écarts salariaux entre hommes et femmes en Allemagne sont de 22% contre 16% pour la moyenne des pays industrialisés. Ceci sans parler de l’accession des femmes aux postes à responsabilités. Sur les trente entreprises cotées au DAX (le Cac 40 allemand), seuls neuf fauteuils de directoire sont occupées par des femmes, dont deux depuis ce mois-ci!
Encore décriés dans les années 90, les quotas féminins – le qualificatif de “femme quota” était quasiment une injure – sont aujourd’hui considérés comme une mesure bénéfique pour l’accession des femmes aux postes de responsabilités dans un pays où la pénurie de main d’oeuvre qualifiée se fait cruellement ressentir.
L’Allemagne, qui a toujours eu du mal à se défaire de son image de la femme mère gardienne du foyer, évolue cependant peu à peu. Dans ce nouvel élan, la Deutsche Telekom a ouvert la danse en annonçant que d’ici 2015, au niveau international, 30% de ses postes du management intermédiaire et du management supérieur devraient être occupés par des femmes. Ces mesures, accompagnées de places de crèches et de temps de travail aménagés, sont suivies de près par d’autres groupes allemands comme la HypoVereinsbank ou encore le groupe Metro qui veut lui aussi voir dans deux ans et demi 25% de ses postes de management occupés par des femmes.
Christine Stimple affirme n’avoir aucune difficulté à proposer à ses clients des candidates adéquates. “Nous disposons dans nos registres de plus de 12 000 femmes répondant tout à fait aux critères de ces postes rémunérés à partir de 180 000 euros. Il s’agit de candidates âgées de plus de 35 ans disposant d’un doctorat et d’une expérience à l’international”, décrit-elle. Le seul obstacle que les entreprises opposent encore est le scepticisme quant aux parcours féminins, souvent moins linéaires que ceux des concurrents masculins.