Le musée le plus célèbre de France, le Louvre, a rouvert ses portes la semaine passée, le lundi 6 juillet, après sa plus longue fermeture depuis la Seconde Guerre mondiale. Sans les visiteurs américains qui ne peuvent se rendre en Europe, et très peu de touristes chinois, comment les grands sites culturels et touristiques vont traverser la période estivale ?

Les visiteurs du Louvre doivent -comme pour beaucoup d’autres sites touristiques- réserver à l’avance, porter des masques et suivre les recommandations en matière de distanciation sociale et d’hygiène. La Tour Eiffel a rouvert ses portes aux visiteurs le 25 juin. En raison de la pandémie actuelle, l’Union européenne n’a pour l’instant rouvert ses frontières qu’à une poignée de pays sélectionnés, dont la Chine, mais sous stricte conditions de réciprocité. Les États-Unis en revanche n’ont pas accès au vieux continent.

En 2018, dernière année pour laquelle des chiffres complets sont disponibles, 10,2 millions de personnes ont visité le Louvre, les étrangers représentant les trois quarts du total et provenant principalement des États-Unis, de la Chine et des pays de l’Union européenne. On estime que le musée a perdu 40 millions d’euros (45,3 millions de dollars) de recettes en raison de la fermeture exceptionnelle, et les responsables prévoient trois difficiles années à venir.

En mai 2019, un conseil national du tourisme, composé de ministres du gouvernement, de représentants des collectivités locales et de professionnels du secteur du tourisme, a annoncé que le pays avait reçu près de 90 millions de visiteurs en 2018, malgré l’impact des manifestations des « Gilets jaunes » vers la fin de cette année-là.

Suite à cette annonce, le gouvernement avait fixé l’objectif de 100 millions de visiteurs à l’échelle nationale d’ici la fin de l’année 2020. Mais les effets de la pandémie rendront cela impossible, selon les experts de l’industrie du tourisme. Selon Talents Travel, une agence spécialisée dans le tourisme international, 4,8 millions d’Américains et 2,2 millions de Chinois ont visité la France en 2018.

Au-delà de ces chiffres, les Américains et les Chinois représentent également les visiteurs qui dépensent le plus

Rien qu’en Ile-de-France, les visiteurs chinois ont dépensé 300 millions de dollars en 2018 pour des biens qui n’étaient pas consommés localement, tels que des vêtements, des parfums, des sacs à main ou des souvenirs, selon les données de la Chambre de commerce de Paris. Les Américains séjournant en Ile-de-France ont dépensé environ 982 dollars chacun pour une durée moyenne de 5,2 nuits, avec des dépenses quotidiennes d’environ 188 dollars, contre 157 dollars en moyenne pour l’ensemble des visiteurs internationaux.

Selon Valérie Pécresse, Présidente du conseil régional d’Ile-de-France, le nombre de visiteurs dans la région était déjà affecté négativement avant la pandémie, par les grèves et les manifestations des « Gilets jaunes ». Malgré ces circonstances, le « bilan » pour 2019 est bon. Quant aux perspectives pour l’année en cours, Mme Pécresse s’est montrée prudente, notant que « l’incertitude plane sur l’activité en 2020 ».

Jusqu’en 2015, la France était la troisième source de revenus touristiques au niveau international, après les Etats-Unis et l’Espagne. Elle est ensuite tombée à la quatrième place, dépassée par la Chine. Le tourisme représente 7% du PIB national et plus de deux millions d’emplois, selon les chiffres du gouvernement.

Stimuler l’industrie est l’un des nombreux défis que doit relever le gouvernement du nouveau Premier ministre Jean Castex, en plus des préoccupations économiques, sociales et environnementales plus générales. La France a enregistré plus de 200 000 cas confirmés de COVID-19 et près de 30 000 décès, ce qui en fait le troisième pays européen le plus touché, après la Grande-Bretagne et l’Italie.