Pour préparer sa retraite, mieux vaut savoir s’entourer

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Après avoir été pendant vingt ans chef de projet dans l’exécution de projets industriels internationaux majeurs au sein de sociétés d’ingénierie, Bruno Renardier a pris la direction d’Assistance Retraite en juillet 2007. Il est le fils de Michel Renardier, fondateur de la société.

 

Commerce International : Dans quelles circonstances a été fondée la société Assistance Retraite et quels sont ses métiers ?

Bruno Renardier : « Lorsque mon père, Michel Renardier, est arrivé à l’âge de la retraite, il y a vingt-quatre ans, il s’est rendu compte qu’effectuer toutes les démarches soi-même pour faire valoir ses droits n’était pas chose aisée. Il a donc fondé Assistance Retraite, qui aide les particuliers et les salariés des entreprises (grands groupes aussi bien que PME-PMI et TPE) à préparer leur retraite en définissant la meilleure stratégie possible pour optimiser les droits acquis dans les régimes de retraite français et effectue pour eux les démarches d’obtention de la retraite. Notre rôle se borne à ces dimensions de conseil et de support : nous ne vendons pas de produit financier et notre rémunération est fixe avec un tarif forfaitaire défini dès la signature de la lettre de mission. »

 

Particuliers, entreprises : qui sont vos clients ?

B. R. : « Assistance Retraite a commencé par travailler essentiellement pour des particuliers : chefs d’entreprises, membres de professions libérales, cadres dirigeants ou salariés expatriés. C’est par l’intermédiaire de certains cadres dirigeants qu’elle a été appelée à proposer ses services à des DRH. C’est pour les entreprises que nous avons développé un service de formation afin de présenter les règles de la retraite aux salariés ou aux responsables des services de ressources humaines. »

 

Comment vos équipes fonctionnent-elles concrètement ?

B. R. : « Nous avons acquis une compétence inégalée avec le temps. Notre expérience s’est construite de manière empirique, et repose sur des moyens humains et des outils informatiques développés au cours des années. Nos équipes se composent de treize collaborateurs dont un ancien chef d’entreprise, un ex-DRH de société internationale et des experts en droit de la retraite. Depuis plusieurs années, notre équipe est stable : les jeunes gestionnaires rentrent chez nous en apprentissage et y restent. Nous sommes basés à Nanterre (Hauts-de-Seine). »

 

Vous traitez exclusivement les dossiers concernant les droits acquis dans les régimes de retraites français. Comment qualifieriez-vous le système des retraites français ?

B. R. : « Le système français des retraites est complexe et difficile à comprendre ! L’ensemble est morcelé en plusieurs régimes en fonction des statuts : fonctionnaire, libéral, salarié. Les règles diffèrent en fonction des régimes et, dans certains cas, chez les membres des professions libérales par exemple, les règles des régimes complémentaires diffèrent d’un métier à l’autre. Cette situation rend la retraite peu lisible notamment pour les polypensionnés (ceux qui toucheront plusieurs retraites). Par exemple, une personne qui a travaillé toute sa vie dans la même entreprise en tant que salarié cadre touchera déjà trois retraites : une retraite de la Sécurité sociale (régime obligatoire), une retraite de l’ARRCO (régime obligatoire complémentaire pour tous les salariés) et une retraite de l’AGIRC (retraite obligatoire complémentaire pour les salariés cadres). Si ce cadre termine sa carrière avec un statut de TNS (travailleur non-salarié), cela devient un véritable imbroglio : il touchera deux retraites supplémentaires ! Certains systèmes fonctionnent par annuités, d’autres par points avec des modes de calcul et d’évaluation différents, difficile avec tout ça d’arriver à prévoir le montant de sa retraite. Tout cela crée un sentiment d’inconfort chez les particuliers. »

 

Justement, comment les aidez-vous ?

B. R. : « Nous les assistons de manière à ce qu’ils comprennent quels sont leurs droits, à quel montant ils peuvent prétendre, à quel moment ils ont intérêt à prendre leur retraite, et nous validons avec eux la décision finale. Nous travaillons en deux temps : une phase d’évaluation et une phase de conseil, où nous expliquons aux clients pourquoi il est préférable qu’ils continuent de travailler, qu’ils prennent leur retraite ou qu’ils choisissent un dispositif plus progressif permettant de cumuler activité salariée ou non et retraite… »

 

Quand faut-il préparer sa retraite ?

B. R. : « Quand on en a encore le temps, c’est-à-dire plus à 55 ans qu’à 62 ! Nous aidons à ce moment-là les clients à valider leurs droits pour mieux appréhender le futur en simulant les années à venir et en explorant les différentes façons de continuer une activité après 60 ans ou non. »

 

Peut-on optimiser sa retraite ?

B. R. : « Lorsque nous conseillons nos clients, nous leur décrivons notamment les différents dispositifs disponibles. Si l’on a effectué une carrière complète, il n’y a pas de problème : on a droit à une retraite à taux plein, et on a alors accès, si on le souhaite, à différents dispositifs permettant de cumuler retraite et revenus d’activité. Mais il est courant qu’il manque des trimestres. Alors, pour éviter une minoration des droits, il devient nécessaire de racheter ces trimestres. Les experts d’Assistance Retraite sont là pour réaliser les simulations qui permettent de faire des choix en toute connaissance de cause. »

 

Quelles sont les différentes sortes de rachat de trimestres pour la retraite ?

B. R. : « Il en existe deux types. Il y a tout d’abord les versements pour la retraite qui permettent de racheter jusqu’à 12 trimestres pour années d’études ou années incomplètes (années pendant lesquelles on a validé moins de 4 trimestres). Dans ce cas-là, le prix de rachat d’un trimestre oscille entre 4 000 et 6 000 euros. Le second type permet de racheter des trimestres correspondant aux périodes de salariat à l’étranger. Dans ce cas précis, les trimestres peuvent être rachetés de manière illimitée et le prix unitaire est d’environ 1 000 euros. Toutefois, les salariés français travaillant à l’étranger doivent se dépêcher, car le 1er janvier 2011 au plus tard, le législateur alignera les deux dispositifs et un trimestre pour période de salariat à l’étranger coûtera aussi cher qu’un versement pour la retraite ! »

 

L’actualité est marquée par le dossier brûlant de la réforme des retraites. Quel sera l’impact réel sur les salariés ?

B. R. : « Selon leur année de naissance, les assurés seront plus ou moins touchés par la réforme en discussion. Toutefois, il est à prévoir que le législateur garde son habitude de changer les règles de façon très progressive – par exemple, en ne rajoutant qu’un trimestre pour la durée de cotisation requise pour chaque nouvelle année de naissance – pour que “la pilule” passe mieux ! Par ailleurs, on parle beaucoup des régimes de base et moins des régimes ARRCO et AGIRC, alors que ceux-ci peuvent représenter jusqu’à 70 % des revenus d’un cadre. Quant à l’accord AGFF (Association pour la gestion du fonds de financement, ndlr), qui permet de minimiser, voire d’effacer des pénalités pour des salariés qui partent plus tôt à la retraite, il a été de nouveau prorogé jusqu’au 31 décembre 2010. Passé cette date et dans le cadre de la réforme, il faudra bien définir les nouvelles règles : il est probable que l’accord soit encore prorogé, mais avec des conditions différentes, et les négociations entre les partenaires sociaux risquent là d’être difficiles. Enfin, la question de la convergence des régimes de retraite du secteur public et du secteur privé continue à se poser… »

 

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