C’est avec beaucoup de fierté que Remy Rowhani nous reçoit au sein de l’International Chamber of Commerce à Paris : « Nous sommes très heureux d’accueillir la World Chambers Congress pour la première fois au Moyen-Orient ». Une chose est sure : le Qatar est le centre de toutes les attentions ces dernières années. Ce petit pays, habité par de grandes ambitions, non-seulement accueille la WCC cette année, mais a été choisi pour être l’hôte de la Coupe du Monde de football en 2022, créant ainsi la surprise pour les novices. Mais il était évident pour les initiés que son rayonnement passait par l’organisation de tels événements.
Pour le 8e Congrès, le Qatar veut démontrer sa volonté de rentrer dans la cours des grands, mais surtout marquer les esprits : « Nous voulons être la référence pour les futurs Congrès. Nous faisons tout notre possible afin de nous assurer que du moment où une délégation pose les pieds dans notre pays jusqu’au moment elle le quitte, son expérience chez nous soit un moment de plaisir. Et surtout, nous nous mettons à la disposition totale des pays présents ».
Là où la France connaît une forte récession, et surtout avec une promesse de déficit de 3% récemment déclarée comme impossible à tenir, Remy Rowhani est très clair : « Je conseille aux entreprises françaises d’être présentes au Congrès. Il est important que l’évènement soit pris très au sérieux. Des pays majeurs comme la Chine ou l’Inde l’ont fait. Mais je ne me souviens pas, depuis les 3 ans où j’ai l’honneur de diriger la Chambre de Commerce de mon pays, qu’une délégation française soit venue au Qatar. Et pourtant, cela peut représenter des grandes opportunités pour les entreprises françaises ».
L’attitude française serait-elle le symptôme d’une Europe mal à l’aise dans une économie globalisée ? Non, répond Peter Mihok, le président de la World Chambers Federation : « La ICC – WCC revient en Europe pour 2015, et c’est Turin qui a été choisie. Nous voulons mettre en avant qu’elle ne fait pas partie de ce qu’on appelle communément la « bubble economy », car c’est une ville industrielle très importante. Et le futur de l’Europe se dessine dans la volonté de continuer à produire, pas à spéculer ».
Depuis 2008 et suite à la crise des subprimes, ce genre de propos n’est pas étonnant : les emprunts toxiques et la spéculation folle sont depuis bannis par ceux qui prônent aujourd’hui, non pas plus de régulations, mais la création d’un nouveau regard dans une économie globalisée. Avec un maître mot, l’éducation : « Pour moi, toute régulation est dangereuse. Mais nous avons probablement besoin d’une politique pro-business qui pourrait aider les petites entreprises. Ces petites entreprises viennent généralement des classes moyennes, mais elles apportent de nouvelles idées. Et nous devons soutenir ces nouvelles idées afin de créer une nouvelle élite dans le marché. Tout cela passe par l’éducation, car l’Europe a des lacunes dans les hautes technologies. Nous avons trop d’avocats et pas assez d’ingénieurs. Voici le futur de l’Europe : une nouvelle industrie construite sur un haut niveau d’éducation ».
Education, classe moyenne, économie de marché basée sur une industrie forte : voilà les travaux que le Congrès lancera pour les années à venir. Et c’est avec ces thématiques que Doha et Turin accueilleront les deux prochains. Mais est-ce que le meilleur élève de l’économie globalisée, à savoir l’Union Européenne, tiendra compte de cette nouvelle tendance ?