« Jamais dans l’histoire des deux pays les relations commerciales bilatérales n’ont été aussi bonnes qu’aujourd’hui », assure Juan Carlos Fisher, le président de la Chambre de commerce Pérou- Chili basée à Lima. Le Pérou est devenu la destination privilégiée des investissements directs à l’étranger (IDE) chiliens. Selon des résultats publiés par la Chambre de Santiago (CCS), le Pérou a reçu, durant ce 1er trimestre, plus de 290 millions de dollars (205,5 millions d’euros), soit 36 % du montant total des IDE du Chili. « De 1990 à 2011, le Pérou a accumulé 20 % de l’ensemble des IDE chiliens (10 milliards de dollars, soit 7 milliards d’euros, ndlr), mais ces investissements ont augmenté durant les dernières années et ce pays a gagné du terrain, face à l’Argentine notamment », détaille George Lever, directeur d’Etudes de la CCS. Ayant reçu plus de 17 milliards de dollars (12 milliards d’euros) des investisseurs chiliens entre 1990 et 2011, l’Argentine est le partenaire historique du Chili; mais le marché argentin s’est vu récemment délaissé des IDE chiliens au profit du Pérou, de la Colombie, des USA et du Brésil. « Ces investissements vont parfois jusqu’en Amérique du Nord, mais se concentrent surtout en Amérique du Sud, explique George Lever. Les entreprises chiliennes cherchent à étendre leur activité dans des pays offrant un marché de grande taille, comme le Brésil ou l’Argentine, ou dans un pays à l’économie dynamique ayant des similitudes avec le marché chilien, comme le Pérou. »
La part du lion pour le retail
La forte croissance économique au Pérou depuis 2000 n’a pas mis longtemps à séduire les voisins chiliens. « L’économie péruvienne est de nos jours l’une des plus stables de la région, ce qui rend le pays attractif aux yeux des investisseurs du monde entier », insiste M. Fisher. L’attention des Chiliens s’est portée en priorité sur le secteur du retail (vente au détail), qui a concentré 39 % du montant total des IDE depuis 1990. Un investissement que l’on peut constater à travers les fameuses enseignes chiliennes de Saga Falabella ou Ripley, d’immenses magasins vendant du textile ou de l’électroménager et qui ont changé le quotidien des Péruviens avec un système de crédit direct au consommateur. « Ces entreprises ont repris un modèle qui fonctionnait au Chili », analyse encore George Lever, rappelant aussi le rachat des supermarchés péruviens Wong par la Chilienne Cencosud, qui a profondément marqué au Pérou. D’autres secteurs, comme l’énergie et l’industrie, intéressent les Chiliens. « On est aussi en train de promouvoir les secteurs miniers et de la construction dans les deux pays », note Juan Carlos Fisher qui se félicite de voir le Chili s’ouvrir de son côté aux petits et moyens investisseurs péruviens à travers le textile, l’artisanat et la gastronomie. « Le Chili est une destination de plus en plus importante pour les exportations péruviennes, surtout pour les produits à valeur ajoutée », souligne Carlos Durand de la Chambre de Lima (CCL).
Les IDE péruviens envers son voisin ont ainsi augmenté de manière continue. « Il y a 5 ans, on comptait à peine 100 à 150 millions de dollars (70,9 à 106,3 millions d’euros) péruviens au Chili. Aujourd’hui, ce montant est de 2,5 à 3 milliards (1,7 à 2,1 milliards d’euros) », insiste le président de la CCL. Le rachat de la cimenterie Lafarge au Chili par le groupe péruvien Brescia en 2009 (555 millions de dollars, soit 393.4 millions d’euros) a démontré la volonté récente des groupes péruviens d’investir à leur tour plus au sud. « Nous traversons avec le Chili un moment très important auquel s’est ajoutée la signature d’un accord permettant de renforcer l’Arc du Pacifique, accord signé avec le Chili, mais aussi le Mexique et la Colombie, pour mettre en place une zone économique commerciale de promotion des investissements dans la région », se réjouit Carlos Durand en référence à l’Accord du Pacifique signé à Lima en avril. À cela s’ajoute l’union prochaine des Bourses de valeurs de Lima, Santiago et Bogota. Ces engagements sont des indicateurs de plus, montrant le succès de notre relation avec le Chili », conclut Carlos Durand qui, malgré l’inquiétude de maints entrepreneurs, estime que le processus électoral que vit actuellement le Pérou ne devrait pas affecter le commerce entre les deux pays sur le long terme.