Mobilité: qui s’expatrie ?

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Les effets des attentats du 11 septembre 2001 à New York sur la mobilité internationale n’auront pas duré longtemps. L’attentisme dont ont fait preuve les grandes entreprises mondiales à la faveur du contexte sécuritaire exacerbé qui s’en est suivi s’est peu à peu émoussé, rendant aux missions internationales l’élan qu’elles avaient pris par le passé. En atteste le dernier panorama biennal qu’ECA International, une organisation dédiée aux professionnels de l’expatriation, vient de publier sur ce thème. Plus de 70 % des sociétés interrogées auraient ainsi « proposé un nombre supérieur de missions à l’international longue durée sur ces deux dernières années et plus des deux tiers prévoient des augmentations dans les années à venir » note l’étude. Cet essor s’explique évidemment par l’internationalisation des affaires et par la multiplication des délocalisations. Mais si la mobilité s’accroît, ses formes évoluent en même temps. « Avec l’ouverture des marchés chinois, indiens, russes et de ceux d’Europe de l’Est comme du Sud-Est asiatique, les grandes entreprises, européennes comme américaines, ont été amenées à ouvrir un nombre important d’antennes commerciales, succursales, filiales ou unités de production à l’étranger », constate Frédéric Franchi, porte-parole de l’organisation.

 

Une tendance qui modifie la nature des missions d’expatriation. « Dix ans auparavant, les entreprises citaient le transfert de compétences et la connaissance technique comme besoin principal des missions internationales de leurs salariés. Aujourd’hui, compte tenu de leurs nouveaux développements c’est le besoin de contrôler les opérations locales qui domine », explique Frédéric Franchi. L’expatriation n’est plus l’apanage des entreprises occidentales. De nombreuses entreprises asiatiques ou moyennes-orientales se tournent, elles aussi, vers l’international. L’étude d’ECA précise d’ailleurs que « l’essor des expatriations est principalement attendu en Asie, qui rivalise avec l’Europe et les États-Unis comme principale région d’origine et d’accueil des expatriés ». Elle a également cessé d’être l’apanage des salariés occidentaux. La plupart des départements des ressources humaines des multinationales doivent aujourd’hui, en effet, gérer des expatriés de nationalités différentes. « Les entreprises se sont totalement ouvertes sur le monde. De sorte qu’il n’est pas rare qu’elles comptent des expatriés issus de 20 ou 25 nationalités différentes », assure Frédéric Franchi.

 

Les femmes de plus en plus mobiles
La mobilité internationale se féminise également. Si les femmes ne représentaient en 1996 que 6 % des expatriés, elles sont désormais 20 % à entreprendre des missions à l’étranger. Au-delà de la prise de conscience collective sur la nécessité de laisser aux femmes une plus large place dans la société, différents facteurs peuvent aussi expliquer cette tendance lourde. D’abord, l’ouverture de l’expatriation à de nouveaux secteurs d’activités. Si, traditionnellement, elle concernait pour l’essentiel le secteur de l’industrie, celui des services n’est aujourd’hui plus en reste. Sans compter que les écoles d’ingénieurs, qui prennent une large part à l’apport de personnels expatriés, se sont elles aussi féminisées. Enfin, l’expatriation est dans la plupart des grandes entreprises désormais considérée comme une étape indispensable dans le développement des carrières. « Elles sont de plus en plus nombreuses à exiger de leurs cadres de direction un passage par l’expatriation », note Frédéric Franchi.

 

De sorte que si elles souhaitent offrir à certaines femmes l’opportunité d’occuper des postes à responsabilité, il leur faut aussi prévoir de les expatrier. Ceci étant, les freins à l’expatriation des femmes demeurent, notamment en raison de leur rôle familial. C’est d’ailleurs en partie pour résoudre ce problème que les entreprises développent de plus en plus le « comuting », une forme d’expatriation aménagée. En revanche, l’étude de ECA témoigne aussi des faiblesses des entreprises dans le processus d’expatriation. Elles seraient ainsi 75 % à ne pas évaluer les critères non techniques, comme par exemple la capacité à apprendre une langue étrangère, dans leur processus de recrutement. Et elles ne seraient que 10 % à y associer le conjoint. Or, comme le rappelle ECA, les problèmes liés à la famille figurent parmi les principaux facteurs évoqués en cas d’échec d’une expatriation.

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