Michel Barsalou, Chambre de commerce du Canada: « Aboutir un accord bilatéral avec l’Union européenne est essentiel »

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Les pourparlers visant à un partenariat économique amélioré entre le Canada et l’Union européenne viennent d’obtenir en août dernier le soutien des premiers ministres provinciaux canadiens. Michel Barsalou, vice-président directeur de la Chambre de commerce du Canada, nous livre son opinion et revient sur les enjeux de cette négociation.

Commerce International : Quel est le calendrier des négociations du partenariat économique entre le Canada et l’Union européenne ?

 

Michel Barsalou : « Les discussions sur ce partenariat ont démarré il y a deux ans. Suite à de très longues négociations, de véritables pourparlers ont commencé, en mai 2009, ici même, à la Chambre du Canada, avec les secteurs intéressés. Le récent soutien des premiers ministres provinciaux est un pas de plus vers la finalisation d’un accord de libéralisation des échanges avec l’Union européenne dans deux ans au plus tard. »

 

Sur quoi porte ce partenariat dit « renforcé » ?

 

M. B. : « L’accord englobe tous les secteurs de l’économie, des ressources naturelles à l’agriculture en passant par les biens et services, y compris ce que l’on peut qualifier d’éléments directeurs : lois, règles et règlements qui gouvernent les activités critiques – les investissements par exemple. Les enjeux dépassent ceux du libre-échange ! L’accord doit porter sur les tarifs extérieurs, la propriété intellectuelle et la régulation. Les relations commerciales avec l’UE comptent énormément pour l’économie canadienne. L’Europe demeure notre second partenaire commercial ; nous espérons que cet accord aura une portée significative non seulement sur le commerce, mais aussi sur les investissements. »

 

Que pense l’Organisation mondiale du commerce (OMC) d’un tel accord bilatéral ?

 

M. B. : « Les discussions multilatérales sont extrêmement complexes, puisqu’elles englobent de nombreux pays. Les conclusions tardent souvent à venir… Pour le Canada, qui est un pays essentiellement exportateur, faire aboutir un accord de façon bilatérale avec l’Union européenne est essentiel. Je pense que l’Organisation mondiale du commerce voit d’un bon œil un partenariat qui développe le commerce canadien de façon complémentaire aux négociations qui ont lieu dans son cadre. »

 

Que répondez-vous à ceux qui, dans le contexte actuel de crise, prônent la défense des secteurs nationaux ?

 

M. B. : « Pour la Chambre, il est très important que le Canada puisse diversifier ses ententes et étendre son économie à d’autres frontières. Il nous faut poursuivre ces pourparlers afin, évidemment, d’aboutir au plus vite à un accord. Le développement du commerce canadien profitera à l’ensemble de l’économie nationale. C’est la raison pour laquelle, la Chambre entend travailler de pair avec les négociateurs (lire notre encadré). La conclusion d’un tel accord peut, selon nos estimations, rapporter aux économies canadiennes et européennes environ 40 milliards de dollars annuels, soit près de 28 milliards d’euros. L’enjeu est de taille. De façon plus générale, la Chambre – à l’instar du gouvernement canadien – a toujours encouragé le libre-échange, que ce soit avec les États-Unis, notre premier partenaire, ou d’autres États. Il faut mettre à bas les barrières économiques qui entravent le commerce international, car elles privent notre économie de débouchés. À long terme, nous savons que le protectionnisme ne produit pas de bons résultats. »

 

Qu’en est-il du libre-échange entre provinces canadiennes ?

 

M. B. : « Nous y travaillons également. De bons résultats ont déjà été obtenus dans ce sens, puisque de nombreuses ententes ont déjà été signées entre nos différentes provinces. Mais il reste évidemment des progrès à faire. »

 

Autour de la table…

 

Ancien négociateur à l’Organisation mondiale du commerce, notamment en matière d’agriculture, Steve Verheul est le chef négociateur du partenariat, au sein du ministère des Affaires extérieures et du Commerce international du Canada. Du côté de l’Union européenne, les principaux intervenants sont Mauro Petriccione, chef d’unité de la direction générale Commerce de la Commission européenne et son chef d’unité adjoint, Philipp Dupuis. Initiées en mai 2009, les négociations se poursuivent. Comme l’indique Michel Barsalou, « les négociateurs commerciaux sont en contact continuel et une réunion d’étape aura lieu dès cet automne. »