Mexique – Un accès privilégié au marché nord-américain

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L’Alena est depuis 1992 une zone de libre-échange nord-américaine qui inclut les Etats-Unis, le Canada et le Mexique. Luis de la Calle Pardo, sous-ministre des Négociations Commerciales Internationales au ministère de l’Economie du Mexique, nous parle des opportunités que peut offrir cet immense marché géré à partir du Mexique en profitant de ses récents accords avec l’Union Européenne.

Commerce International : Quelle est l’importance des accords de l’Alena pour le Mexique ?
Luis de la Calle : « L’Amérique latine, pour des raisons historiques, a toujours constitué un débouché na­turel pour le Mexique. Cepen­dant, la zone de libre-échange de l’Alena est devenue un marché très important pour nous. Aujour­d’hui, le premier marché du Mexi­que est les Etats-Unis, le deu­xiè­me étant le Canada, bien avant l’Union Européenne. Le Mexique est aussi le deuxième partenaire des Etats-Unis après le Canada, mais, dans dix ans, le volume de nos échanges avec les Etats-Unis aura doublé, ce qui nous positionnera alors au premier rang. »

C.I. : Il y a eu récemment un rapprochement entre le Mexique et l’Union Européenne. Pourquoi ?
L. de la C : Pour bon nombre de produits mexicains déjà représentés sur le marché américain, il faut songer à trouver un autre marché d’une taille équivalente. C’est pour cela que nous avons pris cette décision stratégique de diversifier les exportations mexicaines. Les négociations avec l’Europe sont très importantes pour nous parce que l’Union Européenne est le seul marché au monde de la même envergure que les Etats-Unis. »

C.I. : Pouvez-vous nous expliquer ce qu’est une usine « maquiladora » ?
L. de la C : « Il s’agit simplement d’un régime d’exonération fiscale qui permet aux entreprises d’importer des pièces détachées et de réexporter des produits sans droits de douane. Cependant, en raison de tous nos accords de libre-échange, les maquiladoras perdent de leur importance. Une usine française implantée au Mexi­que peut très bien fonctionner comme une maquiladora, – sauf si elle importait une énorme quantité de produits asiatiques par exemple, produits soumis aux droits de douane à leur entrée au Mexique.»

C.I. : Quelles sont les opportunités pour une entreprise française au Mexique ?
L. de la C : « Le Mexique offre aux entreprises françaises non seulement un marché croissant, mais aussi la possibilité de réexporter vers l’Amérique latine, les Etats-Unis et le Canada et, pourquoi pas pour certains produits, vers l’Eu­rope. Une société française qui exporte aux Etats-Unis à partir de l’Europe paye un droit de douane. Si elle avait conclu une alliance stratégique avec une entreprise me­­xicaine (investissement ou finition du produit) elle en serait exonérée. Il en est de même pour une réexportation vers l’Amérique latine. »

C.I. : Aujourd’hui, quelles sont les plus importantes implantations françaises au Mexique ?
L. de la C : « Nous avons des exemples dans différents secteurs : les infrastructures avec Gaz de France, les hautes technologies avec Alcatel, les télécommunications avec Thomson ou encore la grande distribution avec Carrefour. Nous connaissons aussi les filières de très importantes réexportations de téléviseurs français vers le marché américain. Et aujourd’hui, le secteur automobile ne concerne plus seulement les pièces détachées. En outre, Renault revient au Mexique. Pour bénéficier pleinement, et à tous les niveaux de la chaîne de fabrication, de tous les accords de libre-échange, les grands groupes français devraient implanter leurs fournisseurs au Mexique afin d’y faire une production intégrale. Notre pays vise non seulement les grands groupes les plus connus, mais aussi les PME qui voudront s’installer au Mexique pour bénéficier de nos accords globaux. »