M.-A. Cantin : « la ministre m’a chargée de faciliter l’export de l’agroalimentaire français »

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Macantin
Pour renforcer l’offre commerciale de la France et rétablir l’équilibre de la balance commerciale d’ici à 5 ans, quatre familles d’activités prioritaires ont été identifiées autour de la notion de « mieux vivre ». Pour chacune d’entre elles, la ministre du Commerce extérieur, Nicole Bricq a nommé un fédérateur sur la scène internationale. La fromagère de Paris Marie-Anne Cantin a ainsi été désignée fédératrice de la famille « Mieux se nourrir ». Interview exclusive.

 

Quelle est la mission que vous a confiée le ministère en mai dernier en vous nommant fédératrice de la famille «  Mieux se nourrir » ?

Je connaissais bien la ministre Nicole Bricq avant qu’elle ne m’appelle pour me proposer cette mission.  Il s’agit de bénévolat. L’idée est de défendre l’idée « mieux se nourrir ». Je n’ai pas besoin de m’occuper des grandes entreprises, elles n’ont pas besoin de moi. En revanche, je suis là pour faciliter l’export des PME, comme une sorte de lien vers le ministère, leur simplifier leur démarche d’obtention d’agrément, surtout au niveau des questions sanitaires.

Comment procédez-vous pour aider les entreprises ?

Je fais connaître la plateforme modernisée du gouvernement Exp@don2. Vous savez, on perd des parts de marché en agroalimentaire. S’il n’y avait pas le vin, le secteur serait déficitaire. Il faut se mobiliser. Je suis déjà partie en Algérie, avec Ubifrance, un de nos partenaires facilitateur d’export, puis j’ai été en Tunisie avec M. Stéphane Le Foll (NDLR : le ministre de l’Agriculture) pour voir une ferme moderne. J’ai un langage simple pour parler à tous.

Vous même, vous avez montré l’exemple en exportant votre entreprise ?

Oui. J’ai exporté mon fromage pendant dix ans au Japon. C’est compliqué, surtout pour des questions sanitaires, d’où la mise en place de cette plateforme Exp@don 2. Ce n’est pas simple, c’est toute une mentalité, des habitudes qu’il faut bousculer. Tous les jours je recevais un fax… Les moisissures bleues du roquefort, ça fait poser des questions.

Vous dites que l’agroalimentaire à l’export peut mieux faire. Les entreprises françaises sont-elles au niveau ?

Dans le machinisme, on a des pépites. Kuhn, par exemple fabrique des charrues, des outils exceptionnels, Manitou basée en Loire-Atlantique distribue des chariots élévateurs tout-terrain… La France, c’est aussi Mecatherm, leader sur les machines qui fabriquent le pain, Lactalis, le leader du fromage. On a d’excellentes entreprises, il faut juste les aider à percer les obstacles de l’international.

Quelles sont les stratégies du gouvernement pour favoriser le commerce extérieur de l’agroalimentaire ?

La Ministre a créé récemment le Club des Exportateurs. Une personnalité est désignée tête de pont dans chaque pays pour représenter l’agroalimentaire. En Pologne, il s’agit du directeur de Bonduelle. On a besoin de fédérer la demander, de grouper les demandeurs ensemble pour être plus fort. Il faut absolument faire taire nos inimitiés et nos jalousies. Ne pas jouer individualiste. Les Allemands font déjà ça très bien, ils arrivent en masse, avec un appui politique. La ministre Nicole Bricq travaille avec les grandes chaines de distribution comme Carrefour, très implantée en Chine du reste, pour mettre en avant les produits français à l’étranger.

Sur quels dossiers avez-vous déjà avancé ?

Je fais remonter aux ministères les petits dossiers. I-Tek, société bretonne spécialisée dans la filière porc avait besoin d’un appui pour installer leur troisième entreprise en Chine. En décembre prochain, la ministre Bricq ira en Algérie pour inaugurer l’entreprise Mecatherm qui s’y trouve.

Il me tient à cœur aussi de faire bouger les infrastructures à Roissy, qui permettraient une meilleure exportation. Quand on voit qu’il n’y a toujours pas de salles pour exporter des bêtes sur pied alors que Rungis est un des plus gros marchés, on se dit que ce n’est pas possible… Mais rassurez-vous, cela arrivera bientôt.

Qu’est-ce qui permettrait de mieux vendre encore ?

On insiste sur l’Appelation d’Origine Protégée (AOP), label de qualité qu’il faut montrer hors de nos frontières. Les emballages, packaging sont à soigner également. Les Anglais, chez qui on perd des parts de marché, nous trouve vieillots. On pourrait prendre exemple sur les Italiens qui soignent les emballages de jambon. En France déjà, on doit préserver cette façon de se nourrir haut de gamme, en prenant soin de notre alimentation.

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