Le gouvernement britannique annonce de nouvelles coupes budgétaires, mais promet aussi des investissements massifs dans les infrastructures.

 

En arrivant au pouvoir, le gouvernement de coalition britannique avait espéré limiter la  durée de la cure d’austérité à 2015. Or, la faiblesse de l’économie britannique contraint le gouvernement de David Cameron à réduire encore l’enveloppe des dépenses et prolonger la cure d’amaigrissement jusqu’en 2017-2018.  Fin juin, le Chancelier de l’Echiquier George Osborne a ainsi annoncé  une nouvelle réduction des dépenses publiques à hauteur de 11,5 Mds de livres, réduction qui prendra effet lors de l’exercice fiscal débutant en avril 2015, soit un mois avant les élections générales.

Les ministères n’ont pas tous été logés à la même enseigne : l’éducation, l’aide internationale et la santé publique ont ainsi largement échappé aux  coupes, à la différence d’autres départements qui ont vu leur budget se réduire dans une fourchette de  6 à  10%. Le ministère de la Justice, celui des affaires rurales, le Trésor et le cabinet du conseil des ministres vont ainsi subir des coupes drastiques à hauteur de 10%.  En revanche, le budget du ministère du transport sera porté à 9,5 Mds de livres, tandis que ses dépenses de fonctionnement seront réduites  à hauteur de 9%.  Pour les économistes, le cap de l’austérité est maintenu et les annonces du chancelier de  l’Echiquier ne modifient en rien les perspectives économiques du pays.

Reste que pour faire avaler la pilule, le gouvernement de coalition a annoncé   24 heures après une injection massive d’argent dans les infrastructures. Ambitieux sur le papier,  ce programme de 100 Mds de livres, soit quelque 118 Mds d’euros,  sera dédié à hauteur de 70% aux transports, notamment au travers de la relance du projet de ligne à grande vitesse HS2 entre Londres et Manchester ou Leeds,  qui continue à faire débat outre-Manche.  Les routes constitueront aussi un axe prioritaire, avec  une enveloppe de 28 Mds de livres, tandis que le réseau ferroviaire sera également doté de  9 Mds de livres pour soutenir la poursuite du projet de réseau Crossrail,  l’équivalent d’un  réseau express régional (RER ), qui devra desservir le grand Londres   Trois milliards de garanties seront débloquées pour  construire de nouveaux logements, tandis que  261 écoles devraient aussi être rénovées moyennant un investissement à hauteur de 10 Mds de livres. La feuille de route gouvernementale  évoque aussi des investissements dans des projets énergétiques, dont la construction d’une centrale nucléaire à Hinkley Point, la première depuis 1994.

L’opposition politique travailliste, à l’image aussi d’un certain nombre d’organisations professionnelles, ont immédiatement mis en garde contre ces déclarations claironnantes. Depuis 2010,  le gouvernement Cameron a annoncé par deux fois des plans faramineux – dont un qui portait sur 500 projets pour un montant de 250 Mds de livres – qui n’ont pas été suivis d’effets.    « Les projets d’infrastructure font trop souvent l’objet de promesses et sont trop rarement mis sur pied dans ce pays, et ce cycle doit être cassé, » analyse  Adam Marshall, directeur de la politique et des affaires externes au sein du BCC.

«Si ces annonces se traduisent par une confiance de court terme, des emplois de construction sur le moyen terme et de la compétitivité sur le long terme, la machine de Whitehall doit être jugée sur pièces par le nombre de trous dans le sol, et non sur des stratégies ou des communiqués de presse ».