L’état de la France 2011-2012, rédigé par une cinquantaine d’auteurs, est un bilan de santé complet de l’Hexagone. Société, culture, économie, politique, territoires et Union européenne en constituent les grands thèmes. Si certains articles s’avèrent trop synthétiques ou dépourvus d’analyse, la plupart se font vecteurs de culture générale. A quelques mois des élections présidentielles, ils font aussi office de bilan quinquennal. Parmi les articles riches en analyse, « Politique fiscale », un bilan des mesures prises depuis 2007 dans ce domaine, est particulièrement sévère. « La politique fiscale n’a pas favorisé l’emploi et la croissance, mais les pertes de recettes qu’elle a engendrées ont fortement creusé le déficit des comptes publics et sociaux », écrit notamment Jean-Marie Monnier, professeur d’économie à la Sorbonne.
La partie « Territoires » consacre quelques pages à la réforme territoriale votée en 2010. Là encore, la critique est sans appel, mais pas seulement à l’encontre du gouvernement. « La réforme a été tellement débattue, négociée, amendée que les intentions de départ (rationaliser et simplifier) paraissent fort lointaines », estiment Daniel Béhar et Philippe Estèbe, de la coopérative Acadie, un collectif de chercheurs spécialisés dans les politiques territoriales qui soulève aussi la question du leadership territorial : faiblesse du fait régional, taille limitée des villes moyennes, poids insuffisant des métropoles.
Ils plébiscitent au contraire le rôle de l’intercommunalité, un système souvent critiqué en France, qui présente l’avantage de mutualiser les moyens. « En une dizaine d’année, les communautés de communes, d’agglomérations et es communautés urbaines sont devenues les pivots de l’organisation politique du territoire. (…) Plutôt que de rêver à l’impossible “ grand soir ” institutionnel, les “ modernes ” devraient imaginer les nouveaux outils juridiques et financiers permettant d’aller plus loin dans la révolution silencieuse du gouvernement local. »
En toute fin d’ouvrage, la « Rétrospective 2001-2011 » s’avère moins instructive. Elle débute avec la loi sur la présomption d’innocence et s’achève avec la revalorisation du minimum vieillesse réservé aux retraités sans ou avec une faible pension. On aurait préféré une chronologie uniquement consacrée aux deux dernières années afin de revenir sur davantage d’événements et d’éviter la seule mention d’affaires à haute teneur médiatique (scandales sanitaires et politiques, faits divers).
L’état de la France 2011-2012, Coordonné par Élisabeth Lau, Éditions La Découverte (mai 2011), 448 pages, 22 euros