Les PME britanniques en manque de financement

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Selon le BCC, la création d’une banque publique d’investissements permettrait de pallier le manque de crédit chronique dont souffrent les PME outre-Manche.

 

Malgré les appels incessants des pouvoirs politiques et des organisations en charge des entreprises, le niveau de prêts faits à celles-ci ne décolle pas d’un pouce. Bien au contraire, selon des statistiques publiées par la Banque d’Angleterre le 21 janvier dernier, les prêts aux entreprises  se sont contractés de  2,8 Mds de livres en novembre et de quelque 6,4 Mds de livres sur une année. Impossible donc aux entreprises de soutenir leurs projets d’investissements et d’expansion. La contraction du crédit outre-Manche n’est pas chose nouvelle et remonte au démarrage de la crise financière outre-Manche, en 2007.

 

Le gouvernement emmené par David Cameron a pourtant multiplié les initiatives pour pallier à ce manque de crédit constant : il y eut d’abord le Projet Merlin, qui exhortait les cinq principales banques du pays (Barclays, HSBC, RBS, Lloyds et Santander UK) à accorder 190 Mds de livres de nouveaux crédits aux entreprises en 2011, dont 76 Mds aux PME. Faute de succès, l’expérience a tourné court, ouvrant la voie par la suite à l’introduction d’une nouvelle initiative d’assouplissement du crédit  (credit easing) fin novembre 2011. En juin 2012, la Banque d’Angleterre et le Trésor ont élaboré un nouveau projet, intitulé Funding for Lending Scheme (FLS), qui est un dispositif prévoyant que les établissements bancaires puissent emprunter pendant quatre ans  jusqu’à l’équivalent de 5% du montant actuel des crédits  déjà contractés auprès de la BoE, soit au total quelque 80 Mds de livres. 

 

 

En échange de ce financement à bas prix, les banques participantes s’engagent de leur côté à s’acquitter d’une commission annuelle de 0,25%, mais doivent en contrepartie s’engager à maintenir ou accroître les niveaux de prêts aux entreprises et aux particuliers. S’il ne parait pas favoriser les prêts aux entreprises, le dispositif semble donner  en revanche des résultats probants sur l’accession au crédit immobilier des ménages : selon des statistiques publiées par la BoE fin décembre, le nombre de prêts immobiliers accordés a grimpé plus que prévu à 55 800 en décembre, soit le plus haut niveau depuis janvier 2012, mais qui représente toujours la moitié des chiffres enregistrés avant la crise financière. Dernière idée en date, celle d’une Business Bank, équivalent d’une banque publique d’investissement, dotée  seulement d’1 milliard de livres et dont la création n’est attendue qu’en 2014 :  «Une banque publique d’investissement en bonne et due forme est utile pour introduire des changements fondamentaux dans le financement des entreprises et pour fournir le soutien nécessaire aux entreprises viables et en développement,  ce qui permettra de regagner le chemin de la croissance » estime néanmoins John Longworth, directeur général du BCC.

 

Dans l’attente de la mise en route de ce dispositif, le secrétaire d’état au commerce Vince Cable  a demandé aux banques britanniques de détailler la ventilation des prêts aux entreprises agence par agence afin d’identifier les plus mauvais prêteurs. Dans un discours prononcé le 6 février dernier devant un parterre de financierscelui-ci a brandi la menace d’une nouvelle réglementation si les banques, qui continuent pourtant à clamer qu’elles ne disposent pas de ces informations, ne se conformaient pas à cette demande.  Vince Cable a ainsi trouvé assez pathétique  que les établissements financiers ne puissent pas trouver d‘entreprises clientes suffisamment solvables. Son lui, une partie du problème réside dans l’idée que les banques ont tout simplement «déqualifié leurs banques commerciales»,  les meilleurs éléments s’en étant allés dans les quartiers d’affaires de la City ou de Canary Wharf pour échafauder une stratégie marketing autour de nouveaux produits d’agences.

Enfin, le secrétaire d’état au Commerce entend demander à la Banque centrale d’Angleterre si le dispositif de funding for lending ne peut pas être réorienté afin de mieux coller aux besoins des PME. Reste à savoir si ces dernières mesures auront un impact suffisant sur les entreprises britanniques.