La banque KfW est formelle: les PME allemandes ne craignent pas de resserrement ou de renchérissement du crédit à moyen terme, malgré la situation tendue sur les marchés financiers et interbancaires due à la crise de l’euro. Selon une enquête réalisée auprès de 12 000 entreprises de moins de 500 000 euros de chiffre d’affaires (définition de la PME selon la nomenclature allemande), les PME allemandes s’estiment bien armées pour affronter l’augmentation des risques de financement et le ralentissement de la conjoncture. Le thermomètre des PME est particulièrement pertinent pour mesurer la santé de l’économie allemande. L’étude rappelle que les PME sont le premier moteur à emploi outre-Rhin. Les 1,8 million d’emplois créés en 2010 sont exclusivement à mettre à l’actif de ces entreprises, alors que le secteur public et les grosses entreprises ont plutôt réduit leurs effectifs.
Trois facteurs expliquent le relatif optimisme de ces entreprises. D’abord, elles disposent d’une bonne structure de financement. L’étude de la KfW montre que les PME allemandes ont maintenu leur ratio de bénéfices à 5% entre 2005 à 2010, et ce malgré la crise de 2009 qui les a fortement touchées. Ceci leur a permis d’augmenter leur taux de capitaux propres de 22,4% à 26,6% entre 2005 et 2010. « Ces entreprises ont su réagir très rapidement aux changements sur le marché afin de conserver leur ratio de bénéfice, par exemple en réduisant leurs coûts », explique Margarita Tchouvakhina, de la banque KfW. « Aujourd’hui, les PME disposent d’un très bon taux de capital propre, ce qui signifie qu’elles sont davantage en mesure de financer leurs investissements par leurs propres moyens. »
Second facteur: le ralentissement prévu de la conjoncture en 2012 réduit de facto les projets d’investissements des entreprises et donc la demande de crédit. Celle-ci est largement couverte par les établissements financiers, notamment de taille moyenne, peu liés aux marchés financiers et aux activités spéculatives. « Les caisses d’épargne et les banques coopératives sont toujours susceptibles de fournir des crédits aux PME », rappelle Margarita Tchouvakhina. Un troisième effet joue à la marge, mais passe de moins en moins inaperçu. Les solutions de financement alternatives. Si elles sont encore loin d’être en passe de remplacer le crédit bancaire, elles sont de plus en plus prisées, et constituent pour les entreprises de nouvelles formes de financement externes, plus flexibles que les banques traditionnelles. Ainsi les BondsM, instruments créés par les bourses régionales allemandes en 2010, permettent aux grosses PME non cotées en bourse de se financer directement sur les marchés financiers. Une flexibilité bienvenue quand les marchés ciblés sont les pays à croissance rapide (comme la Chine ou l’Inde), et éloignés de l’Europe, qui absorbe jusqu’ici 40% de la production made in Germany.