Les états en guerre économique, un livre d’Ali Laïdi

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En matière de compétition économique, tous les moyens sont bons. Après plusieurs années d’enquête, Ali Laïdi livre un propos très documenté sur la question.

Le titre du nouveau livre d’Ali Laïdi, docteur en sciences politiques et spécialiste des questions d’intelligence économique, pourrait s’apparenter à une expression trop belliciste pour mieux accrocher le lecteur. En parcourant les chapitres de l’ouvrage, on comprend que bon nombre de pays sont bien au cœur d’affrontements où tous les moyens sont bons pour rendre toujours plus féroce la concurrence économique.

 

Pour répondre aux enjeux d’une compétition sans limites, les États adoptent de nouvelles attitudes et de nouvelles méthodes très éloignées des relations économiques classiques et des partenariats affichés. Après plusieurs années d’enquête dans les coulisses des gouvernements aux États-Unis, en Chine, au Japon et en Europe, Ali Laïdi explique comment certains pays utilisent leurs services de sécurité, leurs administrations et leurs cellules de renseignement pour mieux servir les intérêts des principaux fleurons nationaux du secteur privé. Infiltrations au sein de grandes banques étrangères, espionnage des acteurs concurrents, campagnes de désinformation… Entre des économistes, diplomates, militaires, policiers et analystes indépendants, de nombreuses compétences spécifiques sont sollicitées avec un même objectif : la défense des intérêts nationaux.

 

L’auteur aborde également la manière dont les gouvernements du G20 soutiennent leurs économies nationales. Après les années de gloire du modèle ultralibéral, articulé autour de l’autorité des États-Unis, le protectionnisme et l’ingérence des États dans l’économie reviendraient-ils en force ? Ali Laïdi s’appuie sur de nombreux cas comme la Russie ou la Chine, où l’intervention publique se répand dans tous les secteurs d’activité, renforçant le contrôle de la sphère privée. Parmi les exemples d’interventionnisme, celui de la France : fin 2008, le président français Nicolas Sarkozy lance le FSI (Fonds stratégique d’investissement) avec quelque 20 milliards d’euros, le but étant de « protéger les entreprises françaises contre d’éventuels prédateurs ».

 

Avec un propos très documenté, l’auteur analyse l’omnipotence de plusieurs fonds souverains du sud capables d’acheter l’ensemble du CAC 40, l’offensive sans précédent que la Chine mène actuellement en Afrique, les rivalités des États qui cherchent à acquérir des terres à l’étranger, dans le but de préserver leur sécurité alimentaire.

 

Sur le même thème, Ali Laïdi avait publié en 2004 Les secrets de la guerre économique, livre dans lequel sont mis en lumière les arrangements, chantages et campagnes de déstabilisation qui se trament derrière les grandes négociations économiques.